Toujours plus vif, le débat sur les terrasses prend une tournure politique

ESPACE PUBLIC • Plus de 500 petits commerçants lausannois non restaurateurs souhaitent disposer une mini-terrasse sur leur devanture. Le conseil communal vient de renvoyer leur pétition à la Municipalité pour étude et rapport préavis.

  • Quelques chaises et une table, un argument suffisant pour attirer le chaland? cA

Le bras de fer continue et promet de se déplacer sur le terrain politique. Il y a environ une année, près de 500 petits commerçants de Lausanne déposaient une pétition auprès du Conseil communal. Leur demande? Faire en sorte qu’à l’entrée de leur échoppe, ils puissent disposer une mini-terrasse forte de trois ou quatre chaises à l’intention de leurs consommateurs. Bien plus que financier, l’enjeu se situe en termes de visibilité dans l’espace public fort disputé, surtout en été, la présence de tables étant susceptible d’attirer le chaland.
Conformément à la procédure, la pétition a été traitée en novembre dernier par la commission ad hoc du Conseil communal, dont le rapport vient d’être rendu public. Après audition des concernés et du municipal Pierre-Antoine Hildbrand, en charge du dossier, la commission a recommandé le renvoi de la pétition pour étude et communication.
«Etude sérieuse»
«La décision de la commission ne porte pas sur le fond du dossier, explique Romane Benvenuti, rapportrice de la commission. Nous avons en effet bien entendu la problématique exposée par les pétitionnaires et nous avons compris leur spécificité, car on ne peut effectivement pas donner le même statut à un coiffeur et à une grande enseigne de distribution. Nous avons principalement choisi l’option étude et communication car c’est une législation cantonale qui régit le sujet et qu’il ne sous semblait pas qu’un rapport préavis apporterait de nouveaux éléments sur la question, étant donné que la Municipalité travaille parallèlement sur des objets similaires».
Les pétitionnaires quant à eux, ne cachent pas leur déception et leur association «101 terrasses» s’est fendue d’un courrier le 10 avril dernier, adressé à la Municipalité et à l’ensemble des conseillers communaux. «Nous tenons à rappeler l'importance de cet enjeu pour nos entreprises et attendons de la Municipalité une étude sérieuse, détaillant les possibilités (…) pour répondre à la demande formulée, peut-on y lire. Nous enjoignons donc les conseillers communaux ainsi que l'ensemble des partis représentés au Conseil communal de la Ville de refuser le traitement de la pétition sous forme d'étude et de communication, qui permettrait de classer sans suite cette demande».

«Débat démocratique»
Le conseiller communal Yohann Dupuis soutient de son côté pleinement la démarche des pétitionnaires et s’active pour que le Conseil communal désavoue la commission des pétitions en demandant à la Municipalité de rédiger un rapport préavis afin «qu’il y ait au moins un débat démocratique sur cette question». Et mardi dernier, le conseil communal après de multiples échanges décidait de ce renvoi.
Droits et devoirs
De son côté, le municipal Pierre-Antoine Hildbrand tient à rappeler les diverses règles en vigueur: «Nous essayons de traiter de façon égale ce qui est égal et de façon différente ce qui est différent. (...) Les magasins ne connaissent pas les mêmes règles (que les bars, cafés et restaurants, ndlr). Ils sont très nombreux à proposer déjà des cafés, à l’emporter ou à l’intérieur. Si un magasin veut avoir une terrasse, il doit respecter les règles valables pour les établissements, avec les droits et devoirs que cela implique». Et de compléter: «Le budget des habitants n’est pas illimité. Ce qui est dépensé à un endroit ne peut plus l’être à un autre. L’attrait d’une rue et d’une ville repose notamment sur la diversité et la complémentarité de l’offre des magasins et des établissements. La réussite et le respect mutuel entre les différents acteurs du commerce sont nécessaires. Les possibilités et la répartition des rôles ont été validés par les organisations représentatives que sont GastroLausanne, GastroVaud et la Fondation pour le commerce lausannois».