S’il est un endroit que personne ne manque, c’est bien un cimetière… A Lausanne, au Moyen Age, on comptait autant de cimetières que d’églises. La Réforme les conserva – davantage que les églises, d’ailleurs. Sous l’influence de l’hygiénisme, on développa des cimetières hors les murs, dont celui de la Sallaz, devenu un parc public en 1966, et celui de Montoie, qui accueille un crématoire depuis 1869.
L’augmentation considérable de la population à la fin du XIXe siècle conduisit la Municipalité à aménager un cimetière central, quoique situé en périphérie. L’architecte Alphonse Laverrière (1872-1954) remporta le concours en 1919 grâce à son projet de vaste ensemble paysager néo-classique, monumental, et inspiré de modèles anglo-saxons et surtout allemands. Avec un espace prévu pour 40 000 sépultures, il est enfin à l’échelle de la ville. Ses différentes terrasses s’étalent sur la pente et sont soutenues par des murs abritant des urnes.
Place centrale
La topographie est très habilement mise en valeur par la place centrale rayonnante et la double allée de tilleuls qui y mène. Notez ici la grande croix, conçue avec ou par le pasteur Jules Amiguet, composition à l’ésotérisme assez troublant. La section 9 est en quelque sorte le secteur des célébrités, avec les tombes de Coco Chanel, Pierre de Coubertin ou du lexicographe Paul Robert. Dans la section 1 reposent le politicien Aloys Fauquez et Alphonse Laverrière lui-même. Le monument dédié aux soldats italiens donne lieu, le premier dimanche de novembre, à la célébration de la Journée italienne de l’unité nationale et Journée des forces armées, avec fanfare et hymne national.
La ville a aménagé en 2016 un «carré musulman» (350 places, dont 22 occupées), afin d’offrir aux 30 000 musulmans du Canton une sépulture selon les rites de leur religion, dans le secteur 53, qui «se prête particulièrement bien à une orientation vers La Mecque».