A Lausanne, on n’entend plus siffler le train, mais le métro. Pour en faire l’expérience, il suffit de se placer aux abords d’une station, d’attendre quelques minutes (parfois quelques secondes) en fermant les yeux, et vous saurez très rapidement qu’une rame vient de s’immobiliser. Vous en aurez la certitude car quand il s’arrête, le M2 siffle. Des sifflements peu perturbants pour les voyageurs, mais insupportables pour certains riverains. C’est le cas de Marcel*, un octogénaire vivant à proximité de la station Grancy: «Depuis quelques mois, ces bruits sont devenus infernaux. La nuit, je n’arrive plus à dormir et la journée il m’est impossible de laisser les fenêtres ouvertes à cause de ces sifflements. Ce qui est étonnant, c’est que les premières rames du matin sont plutôt silencieuses, mais très rapidement cela se complique. J’ai écrit plusieurs fois aux TL, mais mes lettres sont restées sans réponse et je suis trop vieux pour essayer d’envoyer des e-mails.»
Martial Messeiller, le porte-parole de l’entreprise de transport, indique que ces bruits sont liés en grande partie aux vibrations des plaquettes de freins de certaines rames lors de leur entrée en station. Il précise: «Cette problématique a été identifiée et nous recherchons à atténuer l’intensité de ces sifflements. Nous avons en effet récemment reçu des réclamations de la part de riverains de Grancy.»
Des contraintes techniques élevées
Quelques centaines de mètres plus bas, près de l’arrêt Délices, Joséphine*, une grande adepte des transports publics, souffre également de ces nuisances sonores provoquées par le métro lausannois. Selon ses observations réalisées depuis son balcon, les sifflements augmentent proportionnellement à la température. En gros, plus il fait chaud, plus ça grince: «Et autant dire que ces dernières semaines ont été particulièrement corsées en matière de canicule, déplore la sexagénaire. Je pense cependant qu’il y a aussi une usure naturelle des freins ou des rails qui accentue ces sifflements car ces bruits sont de plus en plus pénibles.»
Du côté des TL, on assure que ne «rien ne permet d’affirmer l’impact de la température ambiante» sur l’intensité des sifflements. Tout en promettant d’y remédier dans les meilleurs délais: «La réduction de ces vibrations se fait par le remplacement des élastomères qui assurent l’absorption des vibrations lors des freinages, détaille Martial Messeiller. Cependant, même si le bruit est atténué, il demeure perceptible. Nous avons remplacé un certain nombre de ces élastomères, mais nous sommes dépendants de livraisons pour poursuivre cette opération.»
Le porte-parole avance également une autre solution: «Il serait possible d’adoucir les phases de freinages en roulant à une vitesse plus réduite, mais cela nuirait considérablement à la performance du métro. Rappelons que le M2 atteint un dénivelé de 12%, soit le gradient le plus élevé au monde pour un métro. Cela implique inévitablement des contraintes techniques élevées.» Des explications qui rassurent en partie Marcel*, en partie seulement: «Ce qui m’inquiète, c’est que l’on nous annonce l’arrivée du M3. J’ai peur qu’il ne contribue à accentuer la fréquence de ces sifflements.»
*prénoms fictifs, identités connues de la rédaction