Le marché, qu'il soit bio ou boursier, c'est un concept dans l'air du temps. Parce que tout le monde, au pro rata de l'adéquation entre ses plus folles envies et ses moyens parfois inadaptés, fait son marché.Le football aussi, deux fois par an, déploie ses étalages. Ça donne une belle foire d'empoigne, un marché parallèle sur les bords qui tire volontiers des plans géniaux direction la comète qui ne file pas droit. Toute l'année, le souk bruit de rumeurs et de on-dit tout et n'importe quoi. Et puis la chasse est ouverte; un coup en hiver, un coup en été (donc maintenant). On appelle ça le marché des transferts. Et contrairement à ce que Georges Brassens observa un jour à Brive-la-Gaillarde, on ne s'y crêpe pas le chignon à propos de bottes d'oignons. Sur ce marché-là, c'est plus facilement dans la culture du blé ou de l'oseille qu'on verse.
Une valeur refuge
La crise? Mon cul! La période officielle du mercato n'avait pas encore officiellement débuté que quelques transactions pharaoniques étaient déjà sous toit. (Qu'on se rassure, personne n'a exhumé Ramsès II... Par transaction pharaonique, on entend par exemple José Mourinho qui retrouve son oligarque préféré Roman Abramovitch à Chelsea, pour un million de livres par mois, ce qui fait beaucoup de lecture pour un seul homme fût-il aussi valeureux que le technicien portugais.)L'été s'annonce chaud. Réfractaire à toute idée de récession, le football donne même l'impression de devenir une valeur refuge, d'ailleurs on se croirait parfois à l'asile. Les investisseurs se bousculent au portillon, prêts à toutes les folies puisqu'elle sont rentables, au moins en termes de prestige ou d'adrénaline. Le dernier Crésus émergeant du crampon, c'est Dmitry Rybolovlev, milliardaire de son état qui, histoire de concurrencer le Qatari Saint Germain, a lancé l'AS Monakov en Principauté. Résultat, entre autres et en attendant la suite des emplettes: la gâchette colombienne Radamel Falcao (ex-Atletico Madrid) pose son baluchon sur le Rocher, coût de l'opération 60 millions d'euros.
Des règles uniques
Le marché des transferts, comme tous les marchés, obéit à ses propres règles. On ne les comprend pas toujours. Elle nous dépassent souvent, déçoivent parfois, comme quand Uli Forte quitte les Grasshoppers pour les Young Boys. Le jeune coach, fils d'immigrés italiens aimant se réclamer de valeurs ouvrières, servait de pierre angulaire au renouveau du club le plus titré de Suisse - une formidable aventure humaine aux dires de tous les intéressés. Sur le simple appel du chéquier, le voilà qui quitte un navire quasi euphorique pour se fourrer dans un guêpier pas possible en capitale. La beauté du défi? Non, la loi du marché. Un marché où on en voit de toutes les couleurs, où on en trouve pour tous les goûts, de la botte de radis à la bassine de caviar. Les recruteurs prospectent, les joueurs s'offrent à qui de droit en fonction de leur standing, les agents piaffent, les intermédiaires spéculent et, à la fin si tout va bien, l'affaire se conclut - ensuite de quoi il faut patienter six mois au minimum avant de déterminer si le deal tourne au flop ou au bingo. Pour dire si le marché a été fructueux.