L’absence de sanctions envers une régie immobilière lausannoise fautive et sa promesse de compensation faite par son directeur font réagir. Il avait lancé de lourds travaux dans un rez inférieur en septembre dernier dans le but de raser le logement pour y agrandir un magasin voisin. Et ce sans le moindre respect des procédures communale et cantonale, ni préoccupation de la pénurie d’habitations sur le marché.
«Contrairement à ce que la gérance aurait affirmé au service communal, il n’y a dans l’immeuble aucun bureau qu’elle peut transformer en logement pour «compenser» celui qu’elle a fait disparaître.» Cette lectrice a tenu à témoigner après la parution de notre article. Elle et sa petite famille ont vécu durant des années à l’avenue Juste-Olivier jusqu’à l’automne passé. «Nous avons enduré près de deux ans de travaux, indique-t-elle. Il y a eu à plusieurs reprises des chutes de gravats depuis les échafaudages sans protection pour les retenir. Un jour, il nous a été impossible de sortir ou d’entrer car de petits gravats tombaient au-dessus de l’entrée de l’immeuble.»
Chambre d’enfant transpercée
Photos et vidéos à l’appui, elle nous montre que des ouvriers ont même par mégarde transpercé un mur de part en part «avec leur marteau perforateur: «le trou donnait directement dans la chambre de ma fille en bas âge, près de son lit. Si elle y avait été à ce moment, elle aurait pu être blessée». Autre anecdote: la gérance avait fait signer un contrat de bail qui stipulait que les locataires s’engageaient à ne pas réclamer une baisse de loyer en cas de travaux dans l’immeuble. Une telle clause est pourtant hors-la-loi.
Rebondissement au Conseil communal?
Du côté de la Ville, le Service du logement nous a confirmé qu’il n’avait ni amendé ni même donné un avertissement écrit à cette gérance de la place. Une fois le chantier illégal interrompu, fin décembre, la procédure pour régulariser les travaux a été effectuée. La loi vaudoise prévoit pourtant jusqu’à 60’000 francs de contravention pour de telles violations. «Une dénonciation pénale est traitée au cas par cas, souligne le porte-parole de la Direction cantonale du logement et du territoire, notamment si la personne concernée est active dans le domaine de l’immobilier et a manifestement agi au mépris des règles de la bonne foi.»
Après vérification sur place et renseignement pris auprès d’une personne qui travaille pour la régie incriminée, il s’avère que celle-ci a en réalité l’intention de transformer non pas des bureaux mais un grand appartement déjà existant au rez supérieur pour en faire un jour deux appartements distincts et plus petits à louer, à des loyers élevés. «C’est surprenant de constater que le Service du logement lausannois n’ait pas sanctionné ce propriétaire-gérant, concède Julien Rilliet de l’Asloca. Il est probable qu’il souffre aussi d’un manque de moyens humains à disposition pour effectuer suffisamment de contrôles.» L’association des locataires n’a pas de statistiques et ne parvient pas à estimer combien de transformations illégales en local commercial se produisent sans autorisations dans la capitale vaudoise. Mais elle compte examiner le cas de l’immeuble à Juste-Olivier et envisage même de faire intervenir un élu au Conseil communal de Lausanne pour interroger la Municipalité à ce sujet.