PRECARITE • Comme toute entreprise, les Services industriels de Lausanne sont régulièrement confrontés à la problématique des mauvais payeurs. Avec à la clé, et en dernier recours, des coupures d’alimentation électrique pour les plus récalcitrants. En moyenne depuis 2019, les SiL ont ainsi procédé chaque année à environ un millier de coupures. Une situation dont l’ampleur a inquiété le conseiller communal socialiste Vincent Brayer, qui vient de déposer un postulat s’interrogeant sur le caractère «disproportionné» de telles coupures, de surcroît lorsqu’elles affectent les «familles aux finances les plus précaires».
«Ce n’est pas une manière juste de procéder, explique-t-il. Imaginez des familles avec des enfants, sans frigo qui fonctionne ou même sans chauffage. Il faut absolument imaginer de meilleures solutions.» Xavier Company, municipal en charge des SiL, nuance: «Les SiL effectuent de nombreuses démarches avant d’envisager une coupure et la situation des personnes est toujours examinée. Tentatives de trouver une solution de paiement avec le client, par le biais de délais supplémentaires ou de plan de paiement, renvoi vers les services sociaux pour un accompagnement en cas de détresse financière de la personne concernée, plusieurs options sont étudiées. Ce n’est qu’en ultime recours, et principalement lorsque la personne ne répond pas aux multiples sollicitations, que la coupure est opérée et celle-ci ne dure en général qu’un à deux jours».
Coupures en semaine
Concrètement, les coupures ne sont effectuées que du lundi au jeudi, afin de pouvoir éventuellement rétablir l’électricité dès le jour suivant et ne surviennent qu’après trois rappels, soit cinq mois après la consommation concernée.
Evidemment, les clients à situations particulières comme les commerciaux avec denrées périssables ou les patients sous respirateurs, bien qu’envoyés aux poursuites, ne font jamais l’objet d’une coupure. Enfin une trêve hivernale est observée autour des fêtes de fin d’année, durant laquelle aucune coupure n’est opérée. «Une trêve de trois semaines, c’est beaucoup trop court, observe Vincent Brayer. Il est donc possible dans la pratique de se retrouver dans la nuit et le froid au cœur de l’hiver en cas de factures impayées. En France par exemple, la trêve dure bien plus longtemps et de nombreuses mesures alternatives sont mises en œuvre, comme l’aménagement des échéances de paiement voire même une baisse de l’ampérage».