Les riverains des Fiches du nord montent au front pour sauver la nature dans leur quartier

POLÉMIQUE • Dans le quartier des Fiches Nord, la mise à l’enquête de six nouveaux immeubles sur un terrain arborisé classé à l’inventaire des sites d’importance nationale provoque la colère des riverains.

  • Le terrain destiné à accueillir les futurs six immeubles. MISSON

    Le terrain destiné à accueillir les futurs six immeubles. MISSON

Au nord de la ville, le quartier des Fiches a tout de l’écoquartier moderne avec ses zones piétonnes, ses jardins potagers, sa petite épicerie et son local communautaire, le tout à proximité directe de l’arrêt de M2 Fourmi et de l’autoroute. Malgré le fait qu’il côtoie un grand axe de circulation, on s’y sent comme dans un petit cocon protégé de part et d’autre par une forêt et des espaces verts.

Densification excessive

C’est pour les protéger justement que les habitants se sont lancés dans la bataille contre un projet immobilier développé par la société Realitim. Ce dernier prévoit six immeubles de 71 appartements et 93 places de parc souterraines, qui viendraient se loger entre le chemin de Bérée et celui de Riant-Pré, sur une surface d’environ un hectare. Quant à la ferme des Fiches, actuellement habitée par des locataires, elle serait rénovée pour proposer plusieurs appartements en PPE. «Ce qui nous choque, c’est l’ampleur de cette construction coincée sur un si petit espace. Il s’agit de densification excessive. Ce projet n’est plus du tout dans l’air du temps», estime Régis Guérin, membre du mouvement populaire qui s’est créé pour contrer le projet. Il poursuit: «Beaucoup d’enfants habitent le quartier et vont y grandir. Nous ne souhaitons pas leur enlever ce qui reste d’espaces verts. Ce terrain pourrait être utilisé pour de nombreuses activités dans le cadre des activités scolaires par exemple.»

Protection de la nature

Pour mener ces constructions à bien, de nombreux arbres devront être abattus. Après cette « déforestation», seuls 38 arbres sur les 90 répertoriés subsisteront. «Des arbres majeurs et en bonne santé seront abattus pour rentabiliser la densité au maximum», déplore Régis Guérin. Et les replantages de petits arbres prévus ne remplaceront pas ceux qui seront perdus, estiment les opposants. Un avis que partage la Municipalité dans sa stratégie pour le patrimoine arboré, qui précise qu’«un arbre fraîchement planté ne remplace pas pleinement un arbre construit au fil du temps.» Et ce n’est pas tout. La révision du plan général d’affectation prévoit également de promouvoir l’arbre en ville ainsi que «ses rôles paysagers, esthétiques, sociaux, environnementaux, écologiques et économiques et les considérer comme dispensateurs de bien-être.» Municipale en charge de l’environnement, Natacha Litzistorf confirme son souhait de «renforcer les droits des arbres existants face aux droits à bâtir. Mais cela demande un changement de paradigme chez les professionnels et une attention particulière dès le départ d’un projet.»

Engouement populaire

La Municipalité sera-t-elle cohérente avec ses intentions, lors de l’étude du dossier? Il n’y a plus qu’à attendre. Les lettres d’opposition ont été envoyées personnellement par les locataires et co-propriétaires voisins du projet et souhaitant s’y opposer. Leur nombre exact n’est pas connu. En revanche, la pétition rassemble déjà 1200 signatures, en ligne et sur papier. «Nous avons été impressionnés de constater l’engouement populaire qui s’est créé en quelques jours. Il s’agit d’un combat général qui va au-delà du quartier», conclut Régis Guérin.