Augmentation des achats en ligne et tourisme d’achat: le commerce lausannois souffre. Ce n’est pas nouveau. La pandémie dont souffre toute la planète, et qui est toujours en cours, n’a fait que le fragiliser un peu plus. Pour l’aider, la Ville vient donc de présenter un plan de relance de l’activité commerciale à hauteur de 7,8 millions de francs. «La vitalité d’une ville passe aussi par celle de ses commerces, il y a un réel enjeu, en termes d’emploi, de lien social et de rayonnement à soutenir ce secteur», a ainsi souligné le syndic Grégoire Junod lors d’une conférence de presse qui a eu lieu en fin de semaine dernière, rappelant au passage que depuis le début de la pandémie, Lausanne avait déjà pris des mesures rapides pour aider ses commerces. «Nous voulons accompagner un mouvement de relance» a renchéri le municipal Pierre-Antoine Hildbrand, également présent à cette occasion. «Alors que les emplois totaux ont augmenté de 11% entre 2011 et 2018, ceux liés au secteur du commerce ont baissé de 13%. Notre démarche vise donc à rapatrier un grand nombre de Lausannois dans le centre-ville, et leur rappeler que les commerces locaux servent aussi à créer des liens sociaux.»
Des carnets de réduction
Mais si la démarche consiste à atténuer les impacts négatifs de la crise pour le petit commerce lausannois et contribuer à sauver l’emploi, elle vise aussi à soutenir le pouvoir d’achat des Lausannois, aussi affecté en raison du chômage partiel ou de pertes de revenu parfois importantes. Plus
pratiquement, cette action de soutien est donc lancée par l’octroi de bons et de carnets de réduction destinés à être dépensés dans le commerce local et sur les marchés. Tous les Lausannois majeurs, soit quelque 118’000 personnes vont ainsi recevoir prochainement un carnet de cinq bons de réduction correspondant à un montant total de 40 francs à faire valoir sur une valeur d’achat minimum de 200 francs.
Dans un second temps, les ménages lausannois au bénéfice de subsides partiels ou complets à l’assurance-maladie se verront pour leur part octroyer un carnet de bons d’achat d’une valeur totale de 100 francs, montant auquel s’ajoutera 50 francs par enfant mineur. Cette seconde mesure s’adresse à plus de 34’000 ménages lausannois.
Un partenariat public-privé
Ce concept a été développé avec la Société coopérative des commerçants lausannois (SCCL) sur la base de son modèle de carnet de bons «Enjoy Lausanne», dont Lausanne Cités s’est largement fait l’écho. L’action commencera encore en 2020 et se poursuivra en 2021, sous réserve de validation par le Conseil communal.
Elle représente un effet de levier de plus de 20 millions. Sans être tout à fait assimilable à une monnaie locale, la Municipalité estime que l’octroi de bons ou de carnets de réduction à faire valoir dans les commerces permettront d’orienter la consommation autour de commerces de proximité et donc de créer une communauté d’acheteurs. «Ce projet fort doit permettre de renouer le lien avec la clientèle», estime Tomé Varela, secrétaire général de la SCCL. «Il confère à la mise en place d’une économie circulaire positive.»
Dans tous les cas, le partenariat avec la SCCL, qui regroupe quelque 160 commerces, permet à la Ville de bénéficier de son savoir-faire, sur la base notamment de l’expérience des bons «Enjoy Lausanne». Alors que les bons seront financés à 95% par la Ville, la SCCL participera à une partie du financement des 5% de contribution restante pour les commerçants. Avec ce coup de pouce supplémentaire, accepter les bons «Enjoy Lausanne» reviendra moins cher que les paiements par carte de crédit.