Séverine Graff n’est pas une idéologue de la petite reine. La conseillère communale socialiste a bien conscience que les cyclistes sont aussi responsables de l’agressivité croissante entre les divers usagers de la route. «A Lausanne, il y en a quelques-uns qui roulent dangereusement, sans considération pour les piétons ou les automobilistes. Mais il serait faux de généraliser ce type de comportements.»
Grande marge de progression
L’élue le confie volontiers, son modèle est bâlois. Dans la ville située au bord du Rhin, l’harmonie règne entre les divers moyens de locomotion et plus de 17% des habitants se déplacent chaque jour à vélo. Des chiffres qui la font rêver: «En 2015, la part modale du vélo était de seulement 2% à Lausanne, pour atteindre les objectifs du Plan Climat, elle doit se situer à 15% en 2030, il y a encore du travail! L’enjeu du postulat que je viens de déposer est de mettre en place des actions de promotion de la petite reine qui visent un transfert modal, mais aussi une meilleure adhésion de la population à ce mode de déplacement.» Très concrètement, la conseillère communale demande notamment à la Municipalité de proposer des cours collectifs gratuits pour adultes afin que ces derniers maîtrisent les règles d’une conduite sûre. Mais aussi de sensibiliser via des démonstrations certaines catégories de Lausannois moins enclines à monter sur un deux-roues, comme les seniors et les personnes d’origine étrangère. Sans oublier les enfants qui pourraient profiter d’actions de type Cyclobus grâce à des trajets collectifs encadrés vers les établissements scolaires.
Nombreux enjeux
Une volonté de convaincre l’ensemble de la population que l’élue socialiste juge essentielle: «Pour donner à tout le monde l’envie de rouler, il faut accompagner cette pratique. Car les enjeux sont sanitaires et climatiques, mais également financiers: un kilomètre parcouru en voiture coûte cher à la collectivité, alors que le même trajet à vélo est plus économique et bénéfique pour la santé individuelle et collective.» Quand on lui rappelle que Lausanne, avec ses pentes escarpées, n’a pas la même typologie que Bâle et que l’achat d’un vélo électrique reste relativement onéreux, Séverine Graff rétorque: «Aujourd’hui, grâce aux subventions de la Ville, il est possible d’acquérir un vélo électrique d’entrée de gamme pour environ 700 francs. C’est un investissement relativement accessible, et profitable sur le plan de la santé: une personne de 65 ans qui se met au vélo allonge son espérance de vie.»