Un «drame», un «désastre» ou encore une «catastrophe». Au lendemain de l’incendie qui a récemment dévasté le camp de réfugiés de Moria, sur l’île de Lesbos, les qualificatifs ne manquaient pas dans la presse pour résumer la situation. Et susciter un peu partout en Europe des promesses d’aide, notamment en termes d’accueil, venant de villes qui ont souvent réagi beaucoup plus vite que les gouvernements eux-mêmes. En Suisse aussi, ou la politique d’asile relève essentiellement de la compétence de la Confédération et des cantons, plusieurs cités, dont Lausanne, ont appelé celle-ci à convoquer rapidement une conférence nationale afin de mettre concrètement en œuvre un accueil immédiat. En fustigeant au passage son attitude consistant à n’accepter qu’une vingtaine de mineurs non accompagnés issus du drame de Moria.
Un drame humanitaire
«Je suis choqué. Personne ne demande à la Suisse d’accueillir tout le monde, mais nous devons faire notre part. Vingt mineurs en tout et pour tout, c’est indigne!», réagit Grégoire Junod. «Septante pourcent des Suissesses et des Suisses vivent en zone urbaine. Les Villes doivent être mieux écoutées.» Elles souhaitent ainsi l’organisation d’une conférence nationale sur le sujet. «Nous lançons un appel. Et comme nous l’avons toujours fait par le passé, nous sommes prêts à collaborer étroitement avec l’EVAM pour trouver des solutions d’hébergement à Lausanne. Nous avons également, dans le cadre de nos budgets de coopération, engagé des soutiens sur place, à Lesbos», explique encore le syndic de Lausanne.
Reste que si cette démarche est généralement bien accueillie, des voix s’élèvent aussi pour dire qu’elles craignent qu’une décision plus généreuse ne favorise une montée des populismes. Une position que le syndic de Lausanne balaie d’un revers de la main. «L’accueil des réfugiés suscite toujours des critiques avec le soupçon d’en faire plus pour les autres que pour celles et ceux qui vivent ici. Mais ce n’est pas le cas. Evitons de nous opposer les uns aux autres. Nous avons les moyens d’honorer notre tradition humanitaire sans que cela ne porte atteinte aux efforts que nous engageons ici pour soutenir les Lausannoises et Lausannois dans cette période difficile de crise sanitaire et économique.»