Daniel Brélaz: «Dix scénarios pour la planète, pour le meilleur ou pour le pire!»

ÉDITION • Daniel Brélaz vient de publier «L’avenir est plus que jamais notre affaire». Energie, climat, transports, bouleversements de la société, l’ex-syndic de Lausanne et Conseiller national se livre à une analyse fine de la situation. Et propose dix scénarios possibles pour l’avenir de la planète d’ici 50 ans!

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Lausanne Cités: Un livre à quelques semaines des élections fédérales pour lesquelles vous vous représentez. Vos détracteurs vont vite franchir le pas. Voilà donc un ouvrage qui est un outil de campagne électorale…

Daniel Brélaz: Cela fait près de deux ans que je travaille sur ce livre qui aurait dû sortir au printemps. Le décès d’un de mes frères, la mise en ordre de sa villa pour ma belle-sœur et les procédures administratives m’ont fait perdre trois à quatre mois. Ceci dit, je ne me plains pas de la conjonction, car ce livre aborde aussi la problématique climatique.

Vous abordez beaucoup de thématiques dans cet ouvrage, mais ce que les lecteurs retiendront d’abord, et sûrement, ce sont les dix scénarios possibles que vous imaginez pour l’avenir de la planète. On va les laisser les découvrir en lisant le livre. Mais pour vous, in fine, lequel vous semble le plus plausible?

Tous, du monde le meilleur aux scénarios les pires, ont une certaine vraisemblance et dépendent en partie du comportement de l’Humanité. Si l’on se réfère à ce qui s’est passé depuis une trentaine d’années en matière de répartition de la richesse au niveau mondial, celui d’une poignée d’actionnaires monopolisant les richesses du monde et tolérant le reste de l’Humanité beaucoup moins bien traité, est hélas un des plus vraisemblables.

Reste, écrivez-vous, qu’une partie importante de la solution pour que notre planète continue d’être habitable réside dans le développement des énergies renouvelables. C’est votre combat…

Cela est une évidence. Avec, par exemple, une surface représentant cinq à six fois la surface de la Suisse couverte de panneaux solaires, on peut produire toute l’énergie (pas seulement électrique) consommée par l’Humanité. Si l’on préfère l’éolien, il suffit d’une grande éolienne par 43 kilomètres carrés de terres émergées.

Beaucoup partagent votre avis aujourd’hui, même au plus haut niveau, mais on a l’impression qu’on parle beaucoup et que, dans le fond, on agit peu. Pourquoi ?

Parce que les investisseurs du passé, actifs dans les énergies fossiles, sont planétairement beaucoup plus subventionnés que les énergies renouvelables. Ils veulent rentabiliser à fond leurs investissements et ont l’oreille d’un Trump, d’un Bolsonaro où, à notre modeste échelle, d’un Rösti, président à la fois de l’UDC et de Swissoil c’est-à-dire le lobby pétrolier.

Et la population dans tout ça, ne fait-elle pas preuve, dans le fond, d’une certaine apathie en restant bon an mal an ancrée dans des habitudes dont elle n’arrive pas à se défaire…

La résistance au changement et la conservation des vieilles habitudes est hélas un comportement assez naturel de l’être humain. Pour changer, il faut souvent une forte pression. La législation, les taxes, les subventions, les innovations technologiques alléchantes et la pression sociale, dont les manifestations des jeunes, aident à prendre conscience de la nécessité des changements et parfois de les favoriser.

Vous croyez à la force de l’éducation pour faire changer les choses. Sera-ce suffisant ?

La force de l’éducation est fondamentale, car les jeunes ont des habitudes et des schémas de pensée moins figés que les plus âgés. Le terreau est donc plus fertile. Néanmoins, l’éducation et la sensibilisation peuvent aussi toucher des personnes plus âgées, c’est juste plus difficile.

Face au défi posé pour sauver la planète, arrivez-vous vraiment encore à être résolument optimiste?

En matière d’énergie et de transports, oui. Ces évolutions sont juste technologiquement et économiquement inéluctables. La seule question est de savoir si les intérêts économiques à court terme dans les énergies fossiles arriveront à freiner suffisamment leur développement pour qu’une catastrophe climatique n’ait pas lieu ou si nous arriverons à agir à temps. Dans de nombreux autres domaines évoqués dans mon livre, les conclusions, et donc les évolutions, sont moins claires. Aux lecteurs de les découvrir.