Le centre culturel des Terreaux, la deuxième vie trépidante d’une église

PATRIMOINE - Bâtie en 1889 par les architectes Théophile van Muyden et Henri Verrey avec un décor hésitant entre le néo-roman et le néogothique, la chapelle des Terreaux était la «cathédrale» des libristes.

  • Photo Martine Dutruit

Si la cathédrale de Lausanne est la plus grande de Suisse de style gothique franco-bourguignon, elle n’en est pas pour autant le seul sanctuaire qui présente un intérêt. A part la médiévale église Saint-François, maintes églises plus récentes et plus petites adoptent le style (néo) gothique. Savez-vous que l’église anglaise (1878), dont la rue donne sur l’avenue d’Ouchy, est l’œuvre de George Edmund Street?
Le grand architecte anglais, alors au faîte de sa gloire, était un champion de l’architecture gothique bien au-delà de son pays. Sans oublier l’église écossaise (1877), 26 avenue de Rumine, construite sur les plans du Français Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879), qui a su lire et transmettre ce que ce style recèle non seulement de beau, mais aussi de rationnel. Lausanne est donc une ville d’églises – on pourrait même dire d’Eglise – avant et après la Réforme.
Réveil religieux
L’intensité des pratiques pieuses s’est accrue sous l’influence du Réveil religieux d’origine anglo-saxonne. Dès 1846, une Eglise libre se sépare de l’Eglise protestante d’Etat («nationale») et connaît rapidement un grand essor. D’abord illégale, donc clandestine, il lui fut permis de s’afficher publiquement dès l’obtention de la liberté des cultes en 1861. La «cathédrale» des libristes était la chapelle des Terreaux, bâtie en 1889 par les architectes Théophile van Muyden et Henri Verrey avec un décor hésitant entre le néo-roman et le néogothique. La large nef est couverte par une élégante charpente cintrée.
Conférences, danse et humour
Les deux Eglises réformées se rapprochèrent à nouveau et fusionnèrent en 1966, privant d’un coup la plupart des lieux de culte de l’Eglise libre de leur utilité. Certains furent démolis, d’autres vendus. Depuis 2004, la chapelle des Terreaux profite d’un important subventionnement de l’Eglise pour proposer médiations, conférences et spectacles, allant du théâtre à la musique en passant par la danse et l’humour.

Le texte de cette rubrique est tiré du livre «111 lieux à Lausanne à ne pas manquer»,  de Martine Dutruit (photos), Ulrich Doepper, Pierre Thomas et Michel Zendali (textes), éditions emons: www.111lieux.com Disponible en librairie.