«Chaque week-end, c'est déjà la gabegie. La rue est saturée de voitures. En interdisant l'accès à Ouchy, tout le trafic sera reporté dans les quartiers sous-gare et cela deviendra invivable!» Comme cet habitant de l'avenue de Cour, ils sont 1319 à avoir signé la pétition demandant à la Municipalité lausannoise de renoncer au projet de fermeture des quais d'Ouchy et de Belgique. Les pétitionnaires ont ainsi réagi à une proposition socialiste demandant le blocage des quais «certaines heures du dimanche durant la belle saison».
Un quartier envahi
«Une fausse bonne idée», comme le résume Gilles Meystre, président de la Société de développement du Sud-Ouest de Lausanne. «Chaque jour, les quais d'Ouchy absorbent plus de 11'000 véhicules. En cas de fermeture au trafic individuel, le flux de voitures multipliera la circulation sur les avenues parallèles, en particulier celles de l'Elysée, de Cour et des Figuiers», précise-t-il.Habitant le chemin de Primerose, François Kern connaît bien cette problématique. Lors de chaque manifestation engendrant la fermeture de la Place Bellerive, tout le quartier se voit envahi de véhicules à la recherche d'une place pour se garer. «Lors de manifestations impliquant une fermeture du trafic à Ouchy, comme le marathon, tout le quartier sous-gare est saturé. Impossible d'imaginer une situation pareille tous les dimanches d'été!», relève-t-il.
Impact économique
Selon les pétitionnaires, l'impact économique d'une telle fermeture est important. «Ce serait une catastrophe! La fermeture des quais d'Ouchy et de Belgique à la circulation nuira aux intérêts des hôteliers, des commerçants et du Musée olympique qui n'auront d'autre alternative que d'inviter leur clientèle à se déplacer à pied sur des distances importantes», souligne Michel Julier. Selon le président de la Société de développement et des intérêts d'Ouchy, ce projet engendrerait l'agonie des commerçants.«Nous y sommes farouchement opposés. Les rares fois où les quais sont interdits à la circulation, les restaurants sont vides. Les gens ne viennent pas», souligne un restaurateur. Plus loin, un hôtelier met en avant la problématique de l'accès à l'établissement: «Le dimanche est souvent synonyme de départ. Vous imaginez les clients porter leur valise le long des quais pour rejoindre leur voiture parquée des kilomètres plus loin?»
Projet «inepte»
Sur les 1319 paraphes, plus de 640 émanent de riverains d'Ouchy, le reste étant signé par des habitants des quartiers sous-gare. «Tout le monde est sensibilisé à cette problématique. Si les élus avaient pris la peine d'interroger les personnes directement concernées, ceux qui vivent et travaillent à Ouchy, ils se seraient vite aperçus de l'ineptie d'un tel projet», conclut Michel Julier.