Lausanne Cités: Votre nouvelle stratégie 2010-2012 se veut ambitieuse. Elle vise notamment une redynamisation de l'année préparatoire. Pourquoi?
Michel Rochat: Depuis des décennies, l'EHL forme les leaders de demain dans les métiers de l'accueil et du management des entreprises, un monde en constante évolution. Pour en demeurer les leaders, nous nous devons d'adapter nos formations. Car être premier au monde n'est pas un statut, c'est une responsabilité qui nous impose une quête constante en termes d'innovations et d'excellence. Nous avons donc procédé à une redynamisation de l'année dite préparatoire qui est en fait aussi le coup d'envoi d'une réflexion plus globale sur le parcours que nous entendons proposer à nos étudiants.
Avec, dans un premier temps, une volonté de les plonger directement dans la réalité du monde des métiers de l'accueil et du management...
Cette «nouvelle» année préparatoire a en effet été conçue comme une année d'immersion dans l'univers de l'accueil, de l'hôtellerie et de la restauration. Par session de 15 jours, les étudiants auront ainsi la possibilité de découvrir tout l'éventail du travail lié à l'économat, à la cuisine, au bar, à la blanchisserie ou encore à la réception. Ce nouveau cursus de 20 semaines sera par ailleurs complété par six mois de stages. Concrètement, chaque étudiant bénéficiera de 1000 heures de formation au lieu de 600 jusqu'à aujourd'hui.
Accueillir quelques 1800 étudiants, c'est une grande responsabilité au niveau pédagogique, mais aussi social dans la mesure où beaucoup vivent ici pendant une longue période. A plusieurs reprises, des habitants du quartier ont dénoncé le comportement de certains étudiants en dehors de l'école. Cela vous touche?
Comme l'ensemble du corps professoral, je me sens totalement concerné par cet enjeu et j'ai conscience que certains débordements aient pu choquer le voisinage. Sans chercher à les minimiser, je ne voudrais toutefois pas que l'arbre cache la forêt, que certains excès dus à une minorité servent à mettre tout le monde dans le même panier. Par rapport à d'autres établissements de ce type à Lausanne, je pense notamment à l'EPFL ou l'UNIL, je crois pouvoir dire que la base de savoir-vivre est largement plus élevée à l'EHL, ne serait-ce que par la nature même de ce que nous y enseignons. Cela dit, nous partageons tous les mêmes enjeux, que nous échangeons par ailleurs avec la ville de Lausanne dans un groupe de travail dans lequel nous cherchons tous des solutions.
Cela dit, que faites-vous pratiquement pour susciter une prise de conscience de leur part?
Chaque nouvelle année scolaire débute par une semaine d'introduction qui vise à sensibiliser les nouveaux arrivants aux us et coutumes suisses, car nombre d'entre eux sont étrangers. Cela nous paraît d'autant plus important que pour beaucoup aussi, il s'agit d'une première expérience vécue hors de leur famille. Nous avons également instauré un lien direct entre le comité des étudiants de l'école et nos voisins, ceci sans présence de la direction afin de que le contact se fasse plus naturellement. Enfin, je tiens à rappeler que nous mettons aussi en place des sanctions qui, en cas d'excès, vont de la réprimande à l'exclusion.
Quel message souhaitez-vous adresser aux habitants qui ont pu se sentir lésés par certains comportements?
Travaillons ensemble à la résolution des problèmes! Je veux établir des relations à la vaudoise avec nos voisins, des relations sur la durée. C'est d'autant plus important que l'un des buts que je poursuis en tant que directeur consiste à réaffirmer l'ancrage lausannois de notre institution et à consolider ses racines locales.