Côté montagne, tandis que le tout-Schladming (706m) se gobergeait à pleins torrents de houblon fermenté au son des flonflons cuivrés du folklore styrien, la spatule helvétique a sassé et ressassé son épaisse soupe parfum grimace et chou blanc - bonne nouvelle dans le camp suisse: les Mondiaux de ski alpin sont terminés, et cette saison pourrie appartiendra bientôt à l'anthologie du compost.
Beckham, notre modèle
Pour ceux qui ne goûtent ni à la poésie du flocon, ni aux effluves de vin chaud citron-cannelle-girofle, quoi d'autre à se mettre sous la papille ces temps-ci? Rayon chiffons soyeux, mais chiffons quand même, une confirmation capitale: David Beckham, notre modèle à toutes et tous, fend divinement bien l'oxygène dans ses moelleux calbutes; d'ailleurs son absence a sévèrement pesé sur la courbette inappropriée qu'a dû concéder le Paris Saint-Germain dimanche soir à Sochaux - «Où ça?!?», s'est étranglé le Prince du Qatar trop puissant, qui n'avait lui non plus pas effectué ce déplacement, il est vrai moyennement glamour.
Handicap exceptionnel
Injustement privée de l'épisode «Un Spice Boy dans le Doubs», la gazette a «heureusement» pu soulager ses appétits les plus fauves grâce à l'incroyable et tragique destin d'Oscar Pistorius. Au moment où l'Homme - dérive ultime (rires) - injecte du mulet dans ses cannellonis, à l'heure où - inquiétant présage - il pleut des météorites sur l'Oural, l'existence du sprinter sud-africain a explosé en plein vol. Avec les miettes, la chronique compose son puzzle tapageur; et la justice fait son travail.Oscar Pistorius, l'homme sans jambes qui courait derrière le bonheur, a-t-il tué sa moitié? Un handicap exceptionnel, une histoire sublime, l'obstination, le travail, la gloire, la magie, l'exemple, l'argent, les femmes, sa femme, la pression, les armes, le chronomètre, les médailles et puis leur revers, l'adrénaline et puis le vide. La tragédie qui cogne à la lourde un soir de Saint-Valentin, sans crier gare. Ils avaient pourtant l'air heureux.Oui, période pesante pour la planète sport, qui doit déplorer entre deux courbes la énième fracture multipolaire (épaule, bras...) de Thomas Lüthi, motard bernois qui depuis des lustres pétarade au devant de l'éternelle cabriole. Mais le spectacle doit continuer, course après course, point après point, match après match comme récitent les coaches, buzz après buzz comme fredonnait notre ami le bourdon en butinant de scabieuses en marguerites.
Le derby
A propos de bouquet garni, et histoire de se nettoyer les antennes, il y a, samedi prochain au Stade de Genève, un Servette-Lausanne de derrière les sous-bois de l'angoisse. Et alors? Et alors, voilà de quoi passer l'éponge avec les sous-vêtements de Beckham sur les tourments de la quinzaine écoulée pas douce. Tout oublier le temps d'un bon vieux derby lémanique entre des grenat déguisés en lanterne rouge, qui jouent à la corde raide peur au ventre et couteau sous la gorge; et des Vaudois qui ne pataugent pas non plus dans l'allégresse.Rendez-vous de la frousse à la Praille (19h45), affiche à étincelles et rivalités d'antan, entre ces gueules élastiques du bout de la gouille et les pêcheurs du bord du Lac de G'nève. Deux heures d'émotion pure, schubling compris, bref l'essence de l'exercice physique. De quoi rasséréner tous les habitants de la planète sport, et leurs observateurs satellitaires itou. Non?