Les filles du relais 4x100m sont de drôles de dames qui rient beaucoup hors du stade, qui courent, vite, sur une piste, qui se passent un témoin qui n’est pas à charge; mais à charge pour elles de le faire voyager, de l’aimer, de ne pas le laisser tomber. «Il est celui qui nous relie et qui nous mène dans la même direction», dit Lea Sprunger, capitaine de cette escouade de charme (elle vient de battre son record personnel sur 100m en 11’’52), formé de dix membres, réduit à quatre dans un relais qui court, sélectionnés par le coach Laurent Meuwly, qui les connait par cœur, qui les aime aussi.
Des sportives de qualité
La saison dernière à Lausanne, le 4x100m des dames a réussi 43’’48, record de Suisse, puis l’a fixé à 43’’21 (à Moscou et à Zurich). «La piste lausannoise est rapide et dure. Elle est réputée, tout le monde le dit et se réjouit de courir dessus», poursuit la capitaine au long cours, mais aussi aux longues jambes. «Les courbes (de la piste) étant larges, on peut courir très vite ici.» Dans un relais, Lea Sprunger finit le travail. «C’est la place qui me correspond le mieux» et Mujinga Kambundji le commence «J’aime bien être au départ car je transmets le témoin et c’est tout. Ce qui n’est déjà pas si mal et périlleux.»
Au milieu, sur la ligne droite opposée, il y a la Vaudoise Marisa Lavanchy et dans le dernier virage, Ellen Sprunger, sœur de Lea, auteure l’an passé d’une course d’une rapidité exceptionnelle. Pour Athletissima (3 juillet), pour les championnats d’Europe de Zurich (12-17 août), un quatre de base se dessine. «Oui, mais tout reste ouvert», ajoute prudent Laurent Meuwly. «Tout le monde doit être prêt et rester concentré. Il peut y avoir une blessure, une athlète peut tomber malade; voilà des paramètres ennuyeux, perturbants, qui peuvent survenir à tout moment.»
Les qualités intellectuelles des filles du relais suisses ne sont pas étrangères à ce parcours parsemé d’étoiles. Elles ont toutes effectuées des études pointues ou costaudes, certaines travaillent à côté de l’athlétisme. «Il est important de solliciter le cerveau autrement», souligne en gras Lea Sprunger. «Ca aide à résoudre, à analyser les situations que nous traversons, que ce soit en concours ou alors aux entraînements; à engager et à comprendre des discussions en poussant loin leur teneur.»
Ces filles sont des sportives de qualité, ont un rire et une spontanéité, une joie qu’on voit, qu’on entend aussi où que ce soit. Ensemble, elles sont redoutables. Individuellement, pareil, puisque l’hiver dernier, elles ont toutes amélioré leur record personnel. Laurent Meuwly: «Nous n’avons pas le talent (individuel) des autres nations mais on compense ce déficit par un gros travail pointu, extraordinaire, suivi d’une capacité d’analyse et d’estimations hors norme.
Beaucoup de nations nous envient.»
- Avec tout ça, un chrono sous les 43 secondes est attendu. A Lausanne, déjà. Mais aussi est surtout aux Européens de Zurich. «Pour monter sur le podium, il faudra en effet réaliser moins de 43», dit Lea Sprunger. «Largement même», assène non pas Lupin mais le coach. «Je l’imagine entre 42’’70 et 42’’80. Ce chrono est dans nos cordes, les filles courent plus vite cette année; et elles prennent davantage de risques.»
Monter sur le podium
A Athletissima, le relais 4x100m tentera de battre le record - 43’’21 pour mémoire -, de remettre la compresse de l’exploit un an après. Et à Zurich? «Entrer en finale, ce n’est plus un objectif mais une destination logique», lâche Lea Sprunger capitaine ad hoc. Et après, In’challah? Elle rit. «Oui, après c’est In’challah.»
Dans leur serre intérieure, les filles de Meuwly rêvent de monter sur une des marches du podium. Le 3 juillet, elles se mesureront (notamment) à l’Allemagne, à la Grande-Bretagne, à la France ; soit trois finalistes aux premiers mondiaux de relais qui ont eu lieu fin mai aux Bahamas. A Nassau. Des nations qu’elles retrouveront forcément à Zurich.
Quand le cœur n’y est pas, les mains ne sont pas habiles», dit un proverbe chinois. Tout l’inverse de l’escouade suisse, pour qui le témoin est un trait d’union, toujours joyeux ; les mains s’ouvrant ou se refermant sur lui, dans un même élan, amoureux.
Le groupe du relais 4x100m est composé de: Jacqueline Gasser, Michèle Cueni, Joëlle Golay, Mujinga Kambundji, Lea Sprunger, Ellen Sprunger, Marisa Lavanchy, Fanette Humair, Aurélie Humair et Sarah Atcho.