L’esport, cette forme de compétition vidéoludique impliquant des joueurs individuels ou des équipes s’affrontant dans des jeux vidéo populaires est aujourd’hui un phénomène mondial. Frédéric Boy, ancien champion suisse sur le jeu Overwatch, est aujourd'hui le président du Lausanne-Sport Esports, l’équipe la plus titrée de Suisse dans le domaine. Fondée en 2015 sous le nom de Qualitas Helvetica, elle est devenue deux ans plus tard la représentante officielle du Lausanne-Sport. Celui qui est également connu sous le pseudo de «Torrix» nous parle de cette collaboration, des défis rencontrés et surtout des ambitions futures.
Lausanne Cités: Comment fonctionne votre association?
Frédéric Boy: De manière assez similaire à un club de football. Nous possédons un comité et plusieurs départements tels que le marketing, le sponsoring et le merchandising. Au cœur de tout cela, nous avons évidemment l'esport, avec des équipes dédiées à des jeux spécifiques.
Comment cette collaboration avec le Lausanne-Sport a-t-elle débuté?
Un peu par hasard. Etant un supporter du Lausanne-Sport, j'ai contacté le club pour proposer de mettre en avant leurs logos lors de nos événements, moyennant une contribution financière. Jeff Collet, ancien président du club, nous a informés de son projet de lancer une équipe d'esport en interne. J’ai proposé de prendre en charge cette initiative, car cela nécessite des compétences spécifiques pour que ça fonctionne. Le club a accepté, et en 2017, nous sommes devenus le Lausanne-Sport Esports. Malgré le rachat d’Ineos, ils ont continué à nous faire confiance car ils ont vu que nous étions déjà bien implantés et sérieux.
Quels sont les avantages de cette collaboration avec le LS?
Ils résident principalement dans l'accès à leurs compétences, leurs infrastructures et leurs ressources. Nous pouvons utiliser la marque du club tout en conservant nos propres sponsors, ce qui nous donne une certaine autonomie dans nos projets. Cela nous a par exemple permis d'organiser des événements comme le FestiGames au sein du stade. C’est d’ailleurs devenu un nom connu dans le milieu des festivals de gaming.
Ce que le grand public ignore, c’est que les joueurs doivent être encadrés comme de véritables sportifs...
Chaque équipe nécessite un encadrement spécifique qui varie selon le jeu. Par exemple, notre équipe de League Of Legends (LOL) requiert non seulement cinq joueurs, mais également un manager, un analyste, un coach, un data analyste et un préparateur mental. Nous avons également des équipes pour Counter-Strike, Teamfight Tactics - un sous-mode de LOL - et Smash Bros, où nous avons le meilleur joueur suisse aux commandes. Chacune d’elles dispose au minimum d'un manager et d'un préparateur mental pour permettre aux joueurs de se concentrer pleinement sur le jeu.
Comment envisagez-vous le développement de votre discipline?
Notre objectif est de vulgariser et démocratiser l'esport en investissant dans l'encadrement et l'explication de notre activité. Nous souhaitons contextualiser nos actions pour que le grand public comprenne les enjeux derrière chaque événement. Nous sommes conscients de la complexité de ce domaine et aspirons à le rendre plus accessible. C’est comme le football américain, c’est très connu, mais relativement complexe et donc souvent incompris, à nous de le faire comprendre.
Quels sont vos prochains objectifs et événements à venir?
En 2024, nous souhaitons prendre un vrai virage. Nous visons à passer de la quatrième à la deuxième division de la Prime League, une compétition regroupant l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche sur LOL. Ce serait une première en Suisse. En mai, nous remettrons notre titre en jeu sur LOL à Polylan à Beaulieu. C’est une compétition réunissant plus de 1 500 joueurs où nous espérons bien performer à nouveau, d'autant plus qu'elle se déroule à domicile. Nous organiserons également des animations avant les matchs du LS pour permettre au public de nous découvrir. Bien que nous soyons un club ambitieux sur le plan des résultats, nous sommes accessibles et ouverts à tous