Cet hiver, les conditions nécessaires à un brassage en profondeur du lac Léman n’ont pas été réunies, et seuls les 100 premiers mètres du Léman ont pu se mélanger efficacement, maintenant la concentration en oxygène des couches profondes à un niveau préoccupant pour la santé de l’écosystème lacustre.
À titre de comparaison, la profondeur moyenne de brassage pour les années 2011 à 2023 était de 150 mètres. En cause, des températures plutôt élevées enregistrées cet hiver, particulièrement sur le mois de février où la température des eaux de surface était en moyenne supérieure de près de 2°C (+1,9°C) par rapport à celle de la période de référence (1991-2020).
Redistribution des nutriments
Cette année 2024 est ainsi la 12e année consécutive sans brassage complet des eaux du Léman, le dernier datant de 2012. Le brassage des eaux participe au bon état écologique du lac en facilitant le transfert de l’oxygène aux couches profondes. L’homogénéisation des masses d’eau permet également une redistribution des nutriments accumulés au fond du lac dans la colonne d’eau.
En dehors de la période hivernale, le lac présente une stratification thermique qui empêche le mélange des eaux profondes avec celles de surface. Avec l’arrivée de l’hiver, les eaux de surface se refroidissent, atteignant une densité comparable à celle des couches profondes, permettant ainsi le brassage. Si la température des couches de surface baisse suffisamment en hiver, le brassage, motivé par le concours de vents suffisamment forts, peut mobiliser l’entièreté de la masse d’eau et assurer ainsi une homogénéisation des nutriments et de l’oxygène dans toute la colonne d’eau. La mise en mouvement d’une masse d’eau importante, comme celle du Léman, repose donc sur une conjoncture d’événements météorologiques favorables qui ne se rencontrent que de manière épisodique.