Non, ce n’est pas la Saint-Valentin qui vous aura brisé le cœur cette année. Pariez plutôt sur le Covid-19. Et pas seulement comme vous le pensez, en vous enlevant hélas des êtres chers, mais littéralement en vous brisant le cœur. En cause, le stress inédit lié au Covid-19 qui occasionnerait une augmentation vertigineuse des cas de takotsubo, ce syndrome découvert par des médecins japonais dans les années 90.
Takotsubo signifie en japonais «piège à poulpes», car c’est la forme qu’en prend le cœur humain, en quelque sorte celle d’une amphore, lorsque soumis à une émotion particulièrement intense, il n’arrive tout simplement plus à se contracter et gonfle peu à peu, ne parvenant plus à propulser le sang en direction de l’ensemble du corps. Il ne s’agit pas d’un infarctus du myocarde, lié à l’obstruction des artères coronaires, mais littéralement d’un état de sidération du cœur, en raison de décharges massives d’hormones du stress. Avec à la clé de cette insuffisance cardiaque aiguë, des symptômes très proches de l’infarctus: douleur à la poitrine qui peut irradier vers le bras, perte de connaissance, nausées, essoufflement, etc.
Etude zurichoise
Rare, mal connu et peu reconnu, ce syndrome dit «du cœur brisé» a pourtant déjà fait l’objet, en 2015, d’une étude internationale portant sur 1750 patients et menée par des cardiologues de l’Hôpital universitaire de Zurich (USZ), puis publiée dans la célèbre revue New England Journal of Medicine. «Notre étude a montré que les causes du syndrome takotsubo étaient plus nombreuses que ce qu’on pensait jusqu’à présent , affirmait alors dans un communiqué Christian Templin l’un des deux cardiologues à l’origine de l’étude. «Pour la première fois, nous avons identifié une corrélation entre les altérations de l’activité fonctionnelle de certaines régions du cerveau et le syndrome du cœur brisé. Cela renforce l’idée que le cerveau est impliqué dans le mécanisme de ce syndrome».
L’autre résultat de cette étude, est que clairement cette maladie, qui survient surtout chez les femmes après la ménopause, est loin d’être bénigne, puisqu’elle génère une mortalité presque aussi importante que celle due à l’infarctus. Un danger d’autant plus à prendre au sérieux que la pandémie augmente considérablement les risques de déclencher un takotsubo. «Le stress du Covid, le télétravail, la sédentarité qui nous bouffe, font augmenter le nombre de cas, alerte ainsi la doctoresse française Claire Mounier-Véhier, dans une interview publiée dans le journal Le Parisien. Selon une étude américaine, ils ont été multipliés par 4,58. Dans mon hôpital on est passé d’un à deux, voire trois par mois ».