Les dix plus grands hôpitaux pédiatriques de Suisse ont étudié ensemble pendant quatre ans les causes et les effets des graves infections (ce que l’on appelle «septicémie», ou en langage courant «empoisonnement du sang») chez les enfants. Pour la première fois, l’enquête nationale montre quels enfants tombent malades, à cause de quels germes, quelle est la gravité des infections et quelles en sont les conséquences. L’enquête a été publiée le 20 juillet 2017 dans la revue spécialisée «The Lancet Child & Adolescent Health».
Facteurs de risques
Plus de 1 200 enfants sont tombés malades en Suisse au cours de la période d’enquête. «D’une part, la septicémie concerne les enfants auparavant sains, avec des évolutions en partie très graves. D’autre part, un tiers de tous les cas de septicémie était dû aux bactéries avec lesquelles les enfants étaient entrés en contact au cours de leur séjour hospitalier», résume le docteur en médecine Philipp Agyeman, médecin en chef du Service universitaire de pédiatrie de l’Inselspital de Berne. Cela s’est produit avec une fréquence particulière chez les enfants prématurés, les
enfants sous chimiothérapie et les enfants gravement atteints ayant été hospitalisés dans le service des soins intensifs. Sept pour cent des enfants sont morts malgré les meilleurs soins médicaux possible.
Au départ: la prévention
Les expériences faites dans d’autres pays montrent qu’une partie des cas de septicémie en Suisse aurait probablement pu être empêchée par une meilleure prévention. «C’est surtout en faveur des prématurés et des nouveaux-nés ou des enfants avec une maladie sous-jacente que des mesures doivent être prises», affirme le professeur Christoph Berger, codirecteur de l’Infectiologie et directeur de l’Hygiène hospitalière de l’hôpital pédiatrique de Zurich. Car les séjours hospitaliers fréquents ou un cathéter veineux augmentent le risque d’infection nosocomiale.
D’autres indications concernant la septicémie infantile ont également été livrées par une base de données nationale d’échantillons sanguins relative à la septicémie infantile créée au cours de l’enquête. «Une analyse génétique du génome des enfants concernés nous permet d’identifier les déficits immunitaires rendant les enfants particulièrement sensibles à une septicémie», explique le directeur de l’étude le professeur Luregn Schlapbach de l’Inselspital de Berne. En coopération avec l’EPFL de Lausanne, des recherches complémentaires sur les causes génétiques favorisant une septicémie chez les enfants sont planifiées. Les résultats devraient améliorer la prévention et la thérapie de la septicémie.