Yves
Yves est un frigo intelligent. Un peu trop intelligent même. Comme tous les appareils connectés, Yves peut vous parler, commander en ligne les courses à votre place, prévoir vos menus en fonction de vos objectifs santé, vous proposer des recettes de cuisine, et obéir à vos commandes vocales. Mais Yves sait aussi faire beaucoup d’autres choses, comme va bientôt le découvrir son (mal)heureux propriétaire-testeur, Jérém, un rappeur blanc-bec qui vit encore dans la maison de sa grand-mère décédée quelque part en banlieue parisienne. Artiste incompris et mal entouré par le toujours formidable Philippe Katerine, Jérém va voir sa vie métamorphosée par son frigo, qui va bientôt devenir son meilleur ami, et bien plus encore. Mais peut-on vraiment faire confiance à son meilleur ami, surtout quand c’est un frigo? Benoît Forgeard signe une parabole ubuesque sur les dérives des intelligences artificielles, des appareils connectés, et les solitudes de nos sociétés modernes de consommation. Quelque part entre le cinéma de Jacques Tati et un épisode de «Black Mirror», «Yves» fonctionne grâce à son inventivité permanente et son grand écart réussi entre absurdité radicale et comédie romantique. Ce frigo surdoué souffle un vent de fraîcheur bienvenue sur la comédie française, souvent moribonde et peu créative.
Selma, dimanche 28 juillet, 20h55, France 2
Hollywood aura mis cinquante ans pour aborder le combat de Martin Luther King dans un biopic certes académique, mais franchement réussi et nécessaire. Faisant cruellement écho à l’actualité récente, Jalonnée de drames racistes en Europe comme aux Etats Unis, le film appuie sur des pans douloureux de l’histoire américaine, dont les plaies semblent toujours à vif, soulignant le cadre politique complexe de l’époque, les luttes fratricides entre factions militantes, et les haines communautaristes de l’Amérique post-ségrégationniste. David Oyelowo campe un Martin Luther King impressionnant de réalisme et la musique oscarisée du film lui donne un souffle poignant et généreux.