Mourir peut attendre
Si mourir peut certes attendre, aller voir le dernier James Bond, dont la sortie était prévue en 2020, ne le peut pas, tant le film s’est fait désirer et vaut une séance! Le défi était de taille: ne pas sacrifier les fondamentaux du héros (les grosses voitures, les gadgets, l’alcool, la drague, l’humour, les muscles) tout en réussissant à redéfinir 007 avec les nouveaux enjeux de société. Fini donc la figure patriarcale, le boomer héros macho sans faiblesse à qui aucune femme ne résiste. Daniel Craig avait entamé la mue dès 2006 dans «Casino Royale», et Bond reste certes de «la vieille école» mais il observe autour de lui le monde qui change et tente bon gré mal gré de s’adapter. Les scénaristes déconstruisent avec talent l’icône de l’homme solitaire et flegmatique et enrichissent le personnage de nouveaux attributs qui pourraient certes déconcerter les puristes, mais donnent sans conteste plus de sens et de profondeur au mythe. Un sacré baroud d’honneur pour Daniel Craig, qui joue ici une dernière fois l’agent 007!
Mon légionnaire
Admirablement documenté, ce drame sobre nous plonge au cœur d’une des armées les plus prestigieuses, exigeantes et mystérieuse du monde: la Légion Etrangère. Le parti pris de la réalisatrice Rachel Lang, ancienne militaire, est simple: coller au plus près de la réalité pour la vie en caserne et au cours des «opex» (les missions sur le terrain de ces soldats français pour la plupart d’origine étrangère) avec une approche quasi-journalistique, et explorer en parallèle les enjeux de leur vies personnelles, leurs histoires de couples, de famille, les relations avec les amis, pour le coup dans un récit très fictionné. L’ensemble sonne très juste, et nous sommes emportés par le destin de ces hommes hors du commun qui s’investissent corps et âme dans une vocation qui, bien souvent, les dépasse. Sans jamais être hagiographique ni spectaculaire à l’instar de ses équivalents américains, voici un regard très juste posé sur le métier de militaire.