Effeil
Après avoir connu le succès dans le registre de la comédie populaire avec «Papa ou Maman», et avant de proposer sa version des «Trois Mousquetaires», qu’il tourne actuellement à Saint-Malo, Martin Bourboulon s’est saisi du scénario «maudit» sur la vie du Gustave Eiffel pour enfin livrer un biopic sur l’illustre personnage. «Maudit», oui car il aura fallu quasi 25 ans pour mener à bien ce projet, avorté à de nombreuses reprises par de nombreux cinéastes (Christophe Barratier, Olivier Dahan et même Ridley Scott!). Le réalisateur livre un film historique de facture classique, mais dont le souffle romanesque balaye tout sur son passage. On peut trouver cela contrariant, car il s’agit finalement là plus d’une histoire d’amour impossible que d’un biopic à proprement parler, ou bien totalement charmant. Il faut bien avouer que le duo Romain Duris - Emma Mackey fait des étincelles dans ce Paris du XIXème siècle sublimement reconstitué. A défaut de nous apprendre beaucoup de choses sur l’illustre personnage, on revisite ici le mythe avec beaucoup de cœur et d’élégance.
L'homme qui a vendu sa peau
Pour rejoindre son amoureuse en Europe, un réfugié syrien accepte de devenir une œuvre d’art et vend son corps à un artiste contemporain qui lui tatoue un visa Schengen géant dans le dos. Devenu ainsi une marchandise, il arrive à circuler plus librement entre les pays qu’un être humain. Mais en transformant ainsi son corps et en acceptant de le marchander, le jeune homme va bientôt se rendre compte qu’il a sacrifié ce qu’il lui restait de liberté. Inspiré par le travail de l’artiste belge mondialement reconnu Wim Delvoye, qui a fait une démarche similaire en tatouant une œuvre d’art sur le dos d’un citoyen suisse en 2006 («Tim»), ce film très réussi ouvre la porte à de nombreuses réflexions sur le pouvoir et l’illusion de l’art, la liberté, la propriété, l’égalité et le rapport au corps. Jamais glauque, jamais voyeur, jamais malsain, le film tend même vers une bienveillance inattendue. Tantôt drôle, tantôt révolté, tantôt sombre ou désemparé, l’acteur syrien Yahya Mahayni livre une partition d’une grande justesse dans la peau de cet «humain-œuvre»: une vraie révélation!