Pourquoi il faut voir le dernier Woody Allen

Sous son apparente légèreté,  "Un jour de pluie à New York" cache une profondeur insoupçonnée et une impertinence discrète et bienvenue. Ça c'est pour le cinéma. A la télé, notre chroniqueur Thomas Lécuyer vous recommande La French, sur France 3.

 

Un jour de pluie à New York
Un charmant couple d’étudiants, formé par les deux jeunes acteurs les plus branchés du moment, Timothée Chalamet et Elle Fanning, part en virée à New York et se retrouve mis à l’épreuve du hasard et de l’inconnu que la ville immense et palpitante offre à leurs jeunes destins. Sous son apparente légèreté, le Woody Allen cru 2019 cache une profondeur insoupçonnée et une impertinence discrète et bienvenue. Il est ici beaucoup question de désir, de sa projection, et de sa représentation: le désir masculin, comme souvent chez Allen, parfois toxique, mais aussi le désir de sens, de liberté, de création, de reconnaissance, d’identité, de jeunesse et même le désir de désir. Chaque personnage doit mener à bien une quête, pensant qu’elle répondra à ces désirs: Gatsby veut réussir son week-end romantique, Ashleigh veut réussir l’interview qu’elle doit faire avec un cinéaste culte, qui lui doit réussir à finir son dernier film, tandis que des copains de Gastby essayent simplement de finir leur tout premier. Si on se prend vite au jeu de savoir par qui le cinéaste est représenté dans son film (à mon avis, chaque personnage masculin est une facette allenienne), on est surtout emporté par cette valse new yorkaise qui tourbillonne au son du vieux jazz et de la pluie qui tombe, des situations et des dialogues ciselés, et des magnifiques numéros d’acteurs.

La French, lundi 23 septembre, 21h05, France 3
Le réalisateur Cédric Jimenez joue gros dans ce film de gangsters méridionaux inspiré de faits réels, en pariant sur un tiercé plus favori dans le registre du film choral ou de la comédie que dans celui du polar noir. Jean Dujardin, Gilles Lellouche et Benoît Magimel, plantés dans une impeccable reconstitution du Marseille des années 70, remportent toutefois la mise haut la main grâce à leurs interprétations sans faute. Servis par une mise en scène nerveuse et romanesque, ils mutliplient les scènes d’action et les face-à-face tendus. « La French » tient tout autant de l’excellent divertissement que du film historique parfaitement documenté. Quelque part entre Georges Lautner et Michaël Mann, «La French» est une vraie réussite.