Les crevettes pailletées
Il semble que le cinéma français affectionne particulièrement les piscines cette année. Après « Le Grand Bain », nous voici invités à plonger en compagnie de l’équipe de water polo LGBT «Les Crevettes Pailletées» pour une comédie enlevée, réjouissante et gentiment militante, inspirée d’une histoire vraie. Si elle n’atteint pas la grâce insolente de la légendaire «Priscilla Folle du Désert» australienne, cette joyeuse épopée très très gay a le mérite d’esquisser le portrait d’hommes fiers de leurs identités sexuelles, tous différents et donc tous égaux. Flirtant parfois avec les clichés, l’humour cru et bon enfant du film vise souvent juste et nous confronte à nos propres perceptions sociales perclues d’idées reçues, qu’elles concernent la culture gay ou celle « hétéronormée ». On a beau vouloir bien tout faire rentrer dans des petites cases, souvent, ça ne rentre pas, et la beauté de la société tient dans sa mixité comme dans la bienveillance que nous aurons chacun pour la liberté de l’autre. C’est le beau message de cette comédie aquatique, pop, gay et colorée, au casting irrésistible.
Mademoiselle, lundi 13 mai, 20h55, Arte
Dans la Corée des années 30, une jeune femme est engagée comme servante auprès d’une riche japonaise qui vit recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, la jeune domestique ourdit de sombres plans contre sa maîtresse. Film vénéneux, noir, épique, et sensuel, ample fresque historique, drame intimiste aux accents érotiques, conte cru et cruel teinté d’humour noir, thriller machiavélique, «Mademoiselle», du cinéaste coréen Park-Chan Wook est tout cela, et bien plus encore. C’est tout l’essence du cinéma qui irradie chaque image de ce film somptueux et imprévisible qui nous prend dès les premières minutes, pour ne plus nous lâcher durant deux heures et demi. La virtuosité du cinéma coréen à son apogée.