West side story
Qu’est ce qui a poussé un des plus grands cinéastes au monde à faire le remake d’un des plus grands films du monde? Un souvenir d’enfance, tout simplement, transformé en promesse: Steven Spielberg a dix ans quand il découvre, émerveillé, «West Side Story». Les musiques de Leonard Bernstein ne le quitteront jamais, pas plus que la rivalité légendaire entre les Sharks et les Jets. Le cinéaste n’a jamais réalisé de comédie musicale, se promettant que s’il devait en faire une, ce serait une nouvelle version de «West Side Story», et rien d’autre. Le résultat est une merveille d’orfèvrerie cinématographique, comme une pièce d’horlogerie d’époque revisitée et réajustée avec les moyens actuels. Respectant l’intégralité de l’œuvre originelle jusque dans sa durée (à la minute près!), Spielberg affine la parabole sociale cachée derrière le splendide ballet. Il fait résonner, avec encore plus de force que dans le film de 1960, cette ségrégagtion raciale entre «blancs» et «latinos», véritable pivot de cette variation new-yorkaise du mythe de Roméo et Juliette, avec l’Amérique d’aujourd’hui. Les numéros musicaux sont époustouflants et les chorégraphies magnifiées par une mise en scène virtuose et une splendide photographie. Un bijou!
The power of the dog
Sorti en salles et aussi disponible sur Netflix, le dernier film de Jane Campion permet à la réalisatrice de l’inoubliable et multi-récompensé «La Leçon de Piano» de s’essayer à un genre nouveau pour elle: le western. Elle ausculte ici les destins associés de deux frères que tout oppose dans une Amérique rurale aux paysages aussi splendides que rudes et éloignés de la modernité galopante du début du 20ème siècle. Les deux hommes, célibataires et à la tête du plus gros ranch du Montana, vivent dans un équilibre de mâles à la virilité décomplexée, qui sera perturbé quand l’un des deux épousera une jeune veuve, mère d’un fils sensible et délicat.
Jane Campion déstructure patiemment la figure imposée du cow-boy, véritable étalon de virilité, pour mieux explorer les non-dits de la masculinité. La réalisatrice insuffle du romanesque, de la poésie et de l’intime dans un western magnifique, où se disputent tour à tour l’amour, le désir, la vengeance, le poids de l’amertume et la douceur des souvenirs.