La Belle époque
Nicolas Bedos nous livre un second film magnifiquement écrit en forme de kaléidoscope d’images et d’émotions, jonglant avec les styles, les genres et les époques. Oscillant perpétuellement entre l’ironie grinçante et l’émotion à fleur de peau, il s’attelle à nouveau, comme dans «Monsieur et Madame Adelman», à autopsier un amour, à observer sur lui les effets du temps qui passe, à questionner son propre rapport à la passion amoureuse. Chez Nicolas Bedos, l’amour est une symphonie dont il compose et décompose patiemment chaque mouvement. Superbement servi par ses acteurs, le cinéaste sublime une Fanny Ardant ardente et insolente, un Daniel Auteuil bourré d’un charme désuet et vintage et un Guillaune Canet tenté par le côté obscur, questionnant au passage notre rapport à la mémoire et à la représentation de nos souvenirs, qui ne sont finalement qu’une forme de fiction de notre présent, au même titre que l’avenir. Quelque part entre «The Game», et «Un jour sans fin», avec une touche de Woody Allen pour la nostalgie des sentiments.
Boyhood, lundi 18 novembre, 20h55 Arte
Chaque année, durant douze ans, le réalisateur Richard Linklater a réuni les mêmes comédiens pour un film unique sur la famille, et là aussi, le temps qui passe. On y suit le jeune Mason, de l’âge de 6 ans jusqu’à sa majorité, vivant avec sa sœur et sa mère, séparée de son père, au fil des déménagements, des amis, des rentrées des classes, des premiers émois, des petits riens et des grandes décisions qui rythment sa jeunesse et le préparent à devenir adulte. Lumineusement incarné par Ethan Hawke, Patricia Arquette et le jeune Ellar Coltrane, voici un projet admirable et fou, qui donne un objet de cinéma unique.