Apeine arrivés à l’aéroport d’Amman, nous précisons à notre chauffeur Arshad le but de notre voyage. Il ne cache pas son enthousiasme: «Le désert de Wadi Rum est un joyau qui fait la fierté des bédouins. Tout le monde connaît la cité nabatéenne de Petra, mais prolonger sa route en direction du sud est une expérience à faire une fois dans sa vie.» Après une nuit à Madaba, réputée pour ses mosaïques byzantines, notre périple se poursuit, avec en point de mire la Vallée de la lune. Cette dernière porte très mal son nom puisque le désert de Wadi Rum s’apparente bien davantage à un voyage sur Mars. Notre guide Bayazid s’en amuse: «C’est une appellation très ancienne que l’on retrouve dans le Coran. A l’époque, on ne savait pas que la surface de la planète martienne était rouge.»
Boom touristique
Notre 4x4 s’engage sur les pistes sablonneuses de ce désert habité depuis l’ère préhistorique. Les bédouins y ont acquis une certaine notoriété en combattant à l’aube de la Première Guerre mondiale aux côtés de Lawrence d’Arabie. Pratiquement tous les habitants de la vallée menaient jusqu’à peu une vie nomade rythmée par les pérégrinations de leurs troupeaux de chèvre. Mais le cinéma hollywoodien est passé par là. En effet, le film de science-fiction américain «Seul sur Mars» avec l’emblématique Matt Damon n’a pas été tourné sur la planète rouge, mais au cœur du désert de Wadi Rum. Depuis, le boom touristique s’est fait sentir: «On peut être seul sur Mars, mais pas ici, plaisante Bayazid. Les gens viennent des quatre coins de la planète pour un périple hors du temps.»
Retour à l’essentiel
Avec plus de 300 voies répertoriées et des chemins cachés au flan des montagnes de grès, il est toujours possible de se sentir loin de tout. D’autant que le silence se fait volontiers subjuguant, à peine perturbé par les rafales de vent qui sculptent les rochers. Nous poursuivons la route plus à l’est. Et là le spectacle devient toujours plus grandiose. Derrière le massif d’Um Ishrin, les dunes de sable rouge apparaissent au loin. Quelques dromadaires s’aventurent en quête d’un bassin naturel. Nous restons muets. Car ici, tout se réduit à l’essentiel. Les vestiges archéologiques et autres pétroglyphes témoignent des 12'000 ans d’occupation humaine. D’autres merveilles constellent la vallée. Comme le canyon de Khazali, une mince fissure à l’abri du soleil où les sculptures nabatéennes témoignent d’un glorieux passé. Quant au sommet du Mont Djebel Umm ad Dami, le point culminant de la Jordanie à 1840 mètres d’altitude, il offre une vue imprenable sur la mer Rouge et les vastes étendues sablonneuses d’Arabie Saoudite. La beauté du désert de Wadi Rum est décidément un terrain de jeu infini pour l’esprit.