Il y a les idiots utiles qui par candeur, russophilie et/ou antiaméricanisme découvrent ébahis à quel point le maître du Kremlin les a menés en bateau. En matière de naïveté, on se souvient encore de Hans-Rudolf Merz qui affirmait - on s’en pince encore - avoir parlé à Kadhafi «de père de famille à père de famille»… Il y a les revanchards qui comme Trump, oubliant opportunément ce qu’il doit au tsar de Moscou, jurent à tout-va qu’avec eux, ce scénario ne se serait jamais produit.
Et il y a enfin ceux qui chez nous s’accrochent aux mythes du passé et mesurent mal à quel point le ridicule risque de les tuer plus que ne pourrait le faire l’ex armée rouge. La preuve, Viola Amherd, notre ministre des armées qui sans rire, a déclaré quelques jours avant l’offensive russe : «l’armée n’est pas en état d’alerte mais se tient prête ». Et c’est là que songeur on se prend à se questionner: prête à quoi? A affronter les chars russes? A se replier dans son «réduit suisse» pour mener la résistance en cas d’invasion? A lancer ses troupes aéroportées sur le Kremlin? A positionner ses sous-marins nucléaires dans la mer Baltique? Heureusement, il y a un adulte dans la salle. Et cette adulte, c’est Livia Leu, la numéro 2 du Département des affaires étrangères qui a déclaré, reprenant à son compte la célèbre phrase du Général de Gaulle, «La Suisse n’a pas d’amis mais des intérêts». Reste qu’entre les idiots, les idiots utiles et les adultes, il manque… un homme ou une femme d’Etat. Qui puisse aussi rappeler qu’entre le marteau des amis et l’enclume de nos intérêts, nous avons aussi des valeurs à défendre.