AMANTS
Pour sa neuvième réalisation, Nicole Garcia nous plonge dans les méandres vénéneux d’un triangle amoureux qui nous conduira de Paris à Genève en passant par l’Océan Indien. Dans une mise en scène très élégante mais parfois glaciale, la comédienne ausculte les sentiments agités de son héroïne, jouée par Stacy Martin, écartelée entre Simon, qu’elle aime depuis son adolescence, et Léo, l’homme d’affaires plus âgé qu’elle a épousé après la fuite de Simon suite à un drame qui l’aurait conduit en prison. Le film doit beaucoup à la présence magnétique de Benoît Magimel, impérial en richissime businessman au côté obscur et au sens aigu de la possession. L’intensité de l’acteur, au top de sa forme, impressionne à chaque scène. Face à lui, Pierre Niney joue aussi une partition bien accordée, dans le registre du jeune homme louvoyant, qui cherche sa voie et doute de sa puissance. Car l’essence même du film se trouve ici: la confrontation intense de deux hommes pour l’amour d’une femme. On peut juste regretter que Stacy Martin joue plus en retrait son rôle, livrant un personnage féminin parfois évanescent qui semble manquer de matière face à ces deux hommes qui l’aiment.
HAUTE COUTURE
Esther va bientôt prendre sa retraite après quarante ans à la tête des ateliers de couture de la Maison Dior. Cette vieille fille solitaire voit sa vie changer du jour au lendemain, quand une jeune fille de banlieue lui vole son sac dans le métro. Ni une ni deux, la voici bientôt en stage chez Dior, car la jeune métisse a des doigts d’or. Si cette comédie sociale abuse parfois des grosses ficelles du genre, en appuyant un peu trop le trait sur la fable de l’intégration sociale et des clichés des deux catégories qu’elle oppose (la bourgeoisie blanche contre la banlieue issue de la diversité), on est vite sous le charme du duo formé par les deux magnifiques comédiennes Nathalie Baye et Lyna Khoudri. Le film séduit aussi par son univers richement documenté qui nous propose une plongée passionnante dans les coulisses de la maison Dior, et le processus créatif de la haute-couture. A cela s’ajoute une ribambelle de seconds rôles féminins bien sentis, parmi lesquels on retrouve Pascale Arbillot, Claude Perron ou encore une surprenante Clotilde Courau.