Si, quand il était plus jeune, Pierre Corajoud ne voyait pas trop l’intérêt de la marche à pied (la fameuse flemmardise de l’adolescence), il est vite devenu accro à cette façon douce et rythmée de découvrir le monde qui l’entoure. Rythmée, c’est bien le mot, car «balade» à pied et «ballade» musicale viennent du même mot provençal «ballada» qui veut dire «chanson à danser». Le rythme des pas vient donc marquer le temps des flâneries lausannoises que propose Pierre, à travers ses guides ou ses balades groupées, qu’il agrémente d’ailleurs parfois de musique avec sa sono mobile.
Même s’il connait sa ville par cœur, le baladeur découvre tous les jours de nouvelles choses, comme dernièrement ces jolies fleurs jaunes autour de l’église anglaise, ou le retour d’un «space invader» en mosaïque, après plusieurs années d’absence, du côté des escaliers Sainte Luce. Ces derniers mois, il a aussi revisité sa ville à travers le regard des arbres, une façon de voir Lausanne d’une manière totalement inédite, sur les traces de ses immenses habitants bien vivants mais immobiles et silencieux, auxquels on prête rarement attention. Et si on prenait le temps de mieux regarder autour de soi?