Au cinéma, "Nomadland" raconte une Amérique oubliée

En mélangeant une part de fiction sobre et délicate avec des parties purement documentaires, des acteurs et actrices professionnels avec des «personnes du monde réel», Nomadland, récompensé par deux Oscar, pose un regard plein d’humanité sur une Amérique oubliée.

A VOIR - NOMADLAND
Abîmés par la vie et les difficultés économiques, courant après les petits boulots, ils sont des dizaines de milliers, aux Etats-Unis, à vivre dans des vans, en totale itinérance, se regroupant parfois pour des «villages nomades». L’Oscar du Meilleur Film et celui de la meilleure réalisation sont amplement mérités pour «Nomadland", troisième film de la jeune cinéaste américaine d’origine chinoise Chloé Zao, qui a déjà inventé, en l’espace de quelques long-métrages seulement, son propre langage cinématographique. En mélangeant une part de fiction sobre et délicate avec des parties purement documentaires, des acteurs et actrices professionnels avec des «personnes du monde réel», elle ancre ici son histoire dans un contexte social particulièrement intense et pose un regard plein d’humanité sur une Amérique oubliée, solidaire et combattante, qui court après ses rêves perdus et aspire toujours à son idéal de liberté. Quant à Frances McDormand, bouleversante de justesse face à des vrais «vanlifers», elle a aussi amplement mérité son Oscar de la Meilleure Actrice pour ce rôle. Bref, «Nomadland» est, à tous points de vue, exceptionnel.

A VOIR - LE DISCOURS
Adaptation «casse-gueule» d’un court texte à succès signé Fabrice Caro, formidable auteur de bande-dessiné, ☺«Le Discours» s’avère finalement très réussi. Oui, «casse-gueule»car c’est toujours très risqué d’adapter des textes, surtout quand ils ont la forme d’un très long monologue. Le réalisateur Laurent Tirard s’en tire avec les honneurs, et n’hésite pas à se décarcasser l’inventivité visuelle pour illustrer toutes les pensées et longs atermoiements du héros, incarné par l’irrésistible Benjamin Lavernhe, de la Comédie Française. Du coup, même si le texte original se perd un peu en circonvolutions, le film, relativement court, évite ces errances, et reste drôle et impertinent d’un bout à l’autre, sans jamais provoquer l’ennui (alors que franchement le héros est parfois saoulant à tout vouloir analyser et découper en douze.) Kyan Khojandi et François Morel complètent de leurs beaux talents l’excellente prestation de Benjamin Lavernhe. Une comédie douce-amère très réussie.