OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE • Vous avez certainement un voire deux téléphones mobiles usagés à la maison. Selon des études nationales, pas moins de 8 millions de natels dorment dans nos tiroirs. Soit un par habitant. En plus, dans l’immense majorité des cas, ils ont cédé la place à leurs congénères flambant neufs alors qu’ils fonctionnent encore.
Pour sensibiliser le grand public à cette surconsommation et à son impact sur l’environnement, l’association NoOPS.ch (Non à l’obsolescence programmée Suisse) organise une collecte d’anciens smartphones. Ce sera samedi 12 octobre à Genève et à Pully, non loin de Lausanne.
Cuivre, argent, platine et or
«Tout le monde garde ses vieux téléphones, souligne Julie Udry, responsable de la collecte. Plutôt que de les conserver, ou pire de les jeter, l’idée, c’est de les réparer pour les remettre sur le marché ou alors de recycler les pièces et les métaux qui les composent.» En plus du plastique et du verre, ces appareils contiennent du cuivre, de l’étain, de l’aluminium, du nickel et du cobalt. Une fois les smartphones collectés, ils seront transmis à Réalise, qui précise que «90% des composants sont recyclables».
L’entreprise genevoise basée aux Acacias se charge alors d’effacer toutes les données. Puis, de faire le tri. «Elle répare les téléphones qui peuvent l’être. Et s’occupe de transmettre les matériaux recyclables aux filières concernées», poursuit Julie Udry.
Cette opération concrète s’inscrit dans la continuité de l’action de NoOPS. Son président, le PDC Thomas Putallaz, rappelle que l’association est née d’une démarche juridique. Elle avait déposé plainte contre Apple pour infraction à la loi sur la concurrence déloyale (LCD). «Chaque fois qu’un nouvel iPhone sort, il a été démontré que ceux qui sont en cours d’usage dysfonctionnaient prématurément. De quoi inciter les consommateurs à acheter les nouveaux produits», s’insurge aujourd’hui encore Thomas Putallaz.
«Le combat juridique est clos»
Mais, le Ministère public genevois avait refusé d’entrer en matière. Saisi d’un recours, la Cour de justice genevoise était arrivée à la même conclusion, jugeant que NoOPS n’avait pas un statut d’organisation régionale ou nationale lui permettant de recourir.
«Aujourd’hui, le combat juridique est clos, indique Thomas Putallaz. Nous poursuivons notre action dans le but de faire évoluer la législation suisse, qui ne condamne pas pour le moment l’obsolescence programmée, mais aussi de sensibiliser la population sur ce délit et ses impacts environnementaux.»
Car, NoOPS entend mettre cette problématique sur le devant de la scène en incitant les usagers à faire pression. «Trop souvent, on achète, on jette, on change... Il faut modifier notre vision de la consommation», renchérit Julie Udry, appelant les Genevois et les Lausannois à fouiller leurs tiroirs et à participer à la collecte. La recette sera reversée à NoOPS pour payer l’opération et contribuer aux objectifs de l’association.
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