«Plutôt que de perdre le nord, pensez au sud!» Marianne Sébastien a le sens de la formule. De l'engagement personnel aussi. Il y a une vingtaine d'années, au cours d'un voyage humanitaire en Bolivie, sur l'Altiplano, elle est le témoin de la misère la plus extrême, celle qui condamne des enfants à vivre comme des esclaves, travaillant douze heures par jour dans des mines, sans sécurité aucune avec, comme tout réconfort, une boule de coca à mâcher. «Ce jour-là, j'ai plongé au cœur de l'horreur», raconte-t-elle avec émotion.
Le rôle du microcrédit
Cette musicienne, cantatrice et «accoucheuse de voix», comme elle aime à le répéter, décide alors de faire tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre cette fatalité. Sur place, elle fait la connaissance du padre Santiago, un prêtre qui travaille depuis 25 ans avec les enfants de la mine. Pendant une dizaine de jours, elle le suit dans son travail quotidien puis, de retour en Suisse, continue de l'aider financièrement. Neuf mois plus tard, il meurt, non sans lui avoir fait parvenir une enveloppe contenant tous ses projets. «J'ai vécu cela comme un testament», se souvient-elle.Elle crée alors «Voix Libres», une association politiquement et confessionnellement neutre et«apprivoise» peu à peu des enfants fermés sur eux-mêmes à travers le chant qui leur permet d'exprimer leurs frustrations. Elle propose à leur famille un soutien qui va des cours d'alphabétisation aux ateliers de formation, en passant par le planning familial, tout en les aidant à devenir autonomes. Son leitmotiv? Le microcrédit, qui permet de venir en aide tout en responsabilisant celui ou celle qui en est le bénéficiaire. «Le 100% des dons financent les projets à part entière, tient-elle à préciser. Les frais de fonctionnement de l'association sont eux assumés par des sponsors, les adhésions et par 10% des subventions reçues par les pouvoirs publics qui nous soutiennent». Résultat: en quelque vingt ans d'activité, 850'000 personnes en ont été directement ou indirectement les bénéficiaires, en créant leur propre entreprise ou en engageant des gens pour y travailler.
Manor s'engage
Mais le chemin est long, et le besoin de pérenniser le travail de l'association une réalité quotidienne. D'où l'opération lancée depuis le début de cette semaine à Lausanne avec le soutien de Manor: une vitrine complète mise à sa disposition, un stand à l'entrée du supermarché où sont vendus des textiles et produits artisanaux alors que le restaurant Manor propose des mets à base de quinoa, une culture réhabilitée par l'association. Objectif poursuivi: récolter suffisamment de fonds pour pouvoir envoyer 1000 enfants à l'école grâce au bénéfice des ventes.
Voix Libres à Manor Lausanne, jusqu'à samedi 19 octobre, aux heure d'ouvertures habituelles.www. voixlibres.org
Genève - Soirée «Libère ta voix et ta joie!» avec Marianne Sébastien et l’équipe Voix Libres - jeudi 24 octobre dès 18h pour un bol de quinoa à la Paroisse de la Servette,
Av.Wendt 55, Genève
www. voixlibres.org