Tout le monde connaît Slobodan Despot, longtemps actif dans le canton de Vaud, à l'Âge d'Homme puis patron de Xenia, sa propre maison d'édition. Un esprit libre, audacieux, une figure. Un éveil, une curiosité littéraire d'exception. La gauche le déteste, parce qu'il n'est pas exactement des leurs. La droite convenable, gouvernementale et en cravate s'en méfie, parce qu'il est fou, et que la folie ne figure pas dans leur programme de législature.Et là, tout ce beau monde se réveille et vocifère, parce qu'Oskar Freysinger a confié à Despot un mandat externe de communication. Comme si le diable avait engagé le diable. Vous pensez, hurlent-ils, un copain! À ces belles âmes, nourries soit de la plus doucereuse des candeurs, soit de la plus tenace des mauvaises fois, nous conseillons d'aller se renseigner sur l'entourage de nos conseillers d'Etat de Suisse romande, tous bords confondus. Et de revenir statuer sur le critère de «copinage».Qu'un magistrat socialiste engage un socialiste dans son état-major personnel, monnaie courante. Que les radicaux fassent de même, nul ne s'en émeut. Mais Freysinger-Despot, ça ne passe pas. Pure censure de quelques-uns, rien d'autre. Ces gens-là, qui se proclament d'ouverture, ont la tolérance bien sélective. Elle ne se pratique qu'à ceux qu'ils agréent. Parce que leurs idées ne les gênent pas.