La voix ferme, le verbe droit, Philippe Leuba dit les choses. Au matin de ce mardi 30 avril, à la RSR, le magistrat vaudois a condamné, à très juste titre, les gens qui avaient tiré sur l'ambulance. En l'espèce, le conseiller d'Etat PLR neuchâtelois Philippe Gnaegi, désavoué par le peuple de son canton l'avant-veille. On ne vient pas dire à un homme à terre qu'il a pris une baffe, avertit Leuba. Une question de choix des mots. On peut parler de cinglante défaite, mais baffe, il y a quelque chose qui ne passe pas.
M. Leuba a parfaitement raison. Confrères journalistes, éditorialistes, chroniqueurs, pamphlétaires, attaquez donc, et de toutes vos forces. Mais soyez gentils, je vous prie, d'attaquer le pouvoir. Celui qui est en place, et non celui qui gît au soir d'une défaite. Attaquez les puissants, ceux qui pourraient réagir à vos billets, réclamer vos têtes à vos rédactions, lancer séides et spadassins pour vous chercher noise. Attaquez l'arrogance, la morgue, les réseaux de copinage. Mais foutez la paix au vaincu d'un soir.
Attaquez vos proches. Ceux qui tiennent le pouvoir, et pas seulement politique, et qui à vos yeux en abuseraient. Non à Tokyo ni Caracas, mais ici, à portée de regard. Défiez-les quand il sont au sommet, au milieu de leurs courtisans. Vous en sortirez grandi. Et vous aurez, si la cause est juste, rendu service à la République.