Marie-José Imsand: «J’avais envie d’écrire un vrai thriller!»

LITTERATURE • Artiste peintre et romancière, Marie-José Imsand tient de son père, l’immense photographe Marcel Imsand. Avec «Deuils Blancs», l’autrice nous emporte dans la blancheur splendide et mystérieuse d’une forêt du Jura, où un drame va sceller le destin d’une poignée de personnages. Entretien.

  •  GENNARO SCOTTI

    GENNARO SCOTTI

Lausanne Cités: «Deuils Blancs» est votre quatrième roman, et votre premier publié chez Favre, après trois sorties chez BSN. Est-ce le début d’un nouveau cycle?

Marie-José Imsand: En quelque sorte oui. Mes trois premiers romans sortis chez BSN sont très courts, celui-ci fait le double de pages. Ça m'a permis d'explorer beaucoup plus de choses, de pouvoir aller plus loin avec les personnages, d’en exploiter un plus grand nombre, de faire un roman choral.

La plupart de vos romans se déroulent, du moins en partie, à Lausanne. Vous aimez écrire sur cette ville?

En tout cas, c'est la ville où je suis née et que je connais le mieux. C'est sûr que j'observe tout le temps les gens et mon entourage. Forcément cela m’inspire. J’aime aussi la géographie de cette ville, son lac, ses pentes, qui font de nous des montagnards malgré nous! Mais ce n’est pas forcément un but chez moi de parler de Lausanne. Enfin, je l'ai fait avec Isabelle Falconnier, qui m'a offert une résidence littéraire il y a une année, au cours de laquelle j’ai écrit sur cette ville que j’aime tant.

Vous êtes aussi reconnue en tant qu’artiste-peintre. La peinture influence-t-elle votre écriture?

Il y a un processus créatif voisin. Cela fait vingt ans que je peins. J’ai réalisé que, devant la toile ou la feuille blanches, je commence d’abord par une vision. En fait, je vois la scène, je la ressens. Ce sont des visions que je matérialise par la suite, avec mon instinct et ma sensibilité. Ce qui est génial, c’est de pouvoir expérimenter de nouveaux terrains d’expression, de nouvelles matières, des traits, des couleurs, ou des mots.

«Deuils Blancs» démarre sous des airs de roman policier, pour vite devenir bien plus, et faire une belle incursion dans un univers mystérieux teinté de fantastique. On pense parfois à Maxime Chattam, Stephen King…

J’ai écouté énormément de livres audio pendant ces trois dernières années, Chattam, King, effectivement, mais aussi Harlan Coben par exemple. Effectivement, ça m’a donné envie d’écrire un thriller, un vrai, sans prétention aucune, mais avec l’envie de pouvoir me servir de cette enveloppe pour raconter beaucoup d’autres choses, parler d’autres sujets…

En effet, il y a des évocations de l’enfance, des forces de l’esprit… c’est presqu’un conte, au fond.

Il y a quand même une vraie histoire policière avec un meurtre, des policiers, un drame! Mais c'est vrai que le conte est une chose qui me touche depuis toujours parce qu'au fond, ils sont tellement fédérateurs, nourrissants, profonds…

Vous dites que le roman est librement inspiré de circonstances vécues…

Oui je me suis vraiment retrouvée coincée dans un TGV pour Paris dix minutes après avoir passé la frontière suisse, à cause d’un accident sur les voies. C’était un 23 décembre. Tout était silencieux et blanc de neige. On apprend qu’un homme est mort. On s'est trouvé comme ça, un peu consternés, un peu en deuil, c’était une ambiance très spéciale. Personne ne parlait. On était tout proche d’une forêt à l’orée de laquelle se dressait un vieil hôtel abandonné… Effectivement, le décor est planté! Là, j’ai ressenti une émotion très forte oui! Et je savais que je tenais le début d’une histoire…

«Deuils Blancs», de Marie-José Imsand, Editions Favre. Disponible en librairie.