C’est une de ces propositions iconoclastes mais dangereuses dont Donald Trump a le secret, même si, comme souvent, il a ensuite opéré un rétropédalage en règle: avaler un produit désinfectant permettrait de soigner le coronavirus. Outre que ce procédé n’a évidemment aucune efficacité, il est dangereux, et gare à ceux qui s’inspireraient de ces conseils, fussent-ils présidentiels.
Pour se faire une idée des conséquences, il suffit de comprendre ce qui arrive aux pauvres malheureux qui avalent des produits toxiques, soit pour cause de tentative de suicide, soit par accident, comme cela peut arriver pour bien des enfants, même si les nouveaux conditionnements des produits limitent aujourd’hui le risque de méprise.
Parmi les produits incriminés, on évoque les caustiques (détartrants, déboucheurs, assouplisseurs) mais aussi des oxydants comme la Javel, très efficace pour nettoyer son chez-soi mais désastreuse lorsqu’on l’avale.
Bénignes et parfois gravissimes
L’ingestion de ce type de substances, jamais anodine, occasionne en effet des situations qui peuvent aller de la relative bénignité (dans 75% des cas) à la gravité absolue, impliquant le recours durable à de la plastie chirurgicale et pouvant aller jusqu’au décès. Car ces produits brûlent et détruisent les tissus soit, selon leur viscosité, de la gorge des bronches ou de l’œsophage, soit même carrément de l’estomac. Avec à la clé, des brûlures et même des perforations d’organes. Dans tous les cas, il s’agit d’une urgence médico-chirurgicale et il faut toujours consulter, même si les premiers symptômes (hypersalivation, sensation de brûlure ou de suffocation, douleurs, etc) semblent avoir rapidement disparu.
Quel que soit le produit ingéré, il faut retirer ses vêtements, rester à jeun et surtout, ne pas avaler dans la foulée, car c’est une erreur fréquente, un produit à visée apaisante ou neutralisante. Et encore moins chercher à se faire vomir, au risque d’exposer encore une fois les tissus au produit toxique.
Cicatrisation…
Aux urgences, et après avoir veillé à prendre avec vous le produit en cause car il permettra aux médecins de mieux adapter leurs soins, il sera procédé à une évaluation de la situation, à une réanimation si nécessaire et dès que possible à une fibroscopie digestive, histoire de déceler d’éventuelles lésions. Car une bouche et une gorge intactes ne signifient pas que l’œsophage ou l’estomac soient indemnes.
Si, dans les cas les plus extrêmes, il faudra recourir à de la chirurgie radicale, la majorité des cas exigeront simplement un suivi et une surveillance rapprochés, ce qui ne veut pas dire que l’évolution future sera forcément aisée. Car il peut arriver que le processus de cicatrisation se complique d’infections et/ou se solde par des rétrécissements, durables voire définitifs, des voies naturelles.