Il n’a pas attendu de rencontrer la maladie, en 2004, pour être un compétiteur dans l’âme. «Je l’ai été, mais je me suis bien calmé. J’accepte une défaite», dit Yves Auberson, rencontré à Nyon dans un tea-room très fréquenté. Il est arrivé au rendez-vous à vélo, mais l’aventure qu’il prépare il la vivra en marchant. Elle doit durer trois mois. «L’idée de départ, précise-t-il, ça aurait été de faire le tour de l’Europe à vélo, en 6 mois. Or, la maladie progressant, il aurait été trop dangereux de le faire. Sur la route, un cycliste est une victime potentielle, surtout dans certains pays où les automobilistes roulent comme des fous. Quand j’ai décidé que je ferai un autre tour, mais en marchant, ma famille, mes proches ont été soulagés. »
Ancien golfeur pro
Ancien grand golfeur professionnel à 17 ans, il intègre l’équipe de Suisse junior. Il est champion du pays deux ans plus tard et signe un contrat pro pour 5 ans. Yves Auberson, 51 ans, est aussi un amoureux de la marche en montagne. Ça tombe bien, de juillet en septembre, il ne va plus la quitter. Peut-être lui parlera-t-elle? «Le parcours, long d’un peu plus de 1000 km, je l’ai dessiné, déterminé moi-même en me basant sur quelque chose d’existant. Ça va monter, ça va descendre. La moyenne journalière de chaque étape avoisinera les 15 à 20 kilomètres. Cela sera des km/efforts dans la mesure où le dénivelé - environ 1000 mètres par jour - sera quasi omniprésent sur mes chemins de montagne.» Au menu de ces trois mois: une quarantaine de cols, 7 cantons traversés, aucune région linguistique oubliée, des étapes difficiles. Et un jour de repos par semaine. «Ça c’est de la théorie.» Il récupérera, il dormira dans de petits hôtels, dans des Bed & Breakfast, dans des chambres d’hôte. «La plupart des réservations sont déjà faites.»
Une volonté extraordinaire
Yves Auberson a estimé que c’était le bon moment pour cette aventure hors du commun, qu’elle aurait lieu cette année, et pas une autre. «Mon état physique a bien diminué. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de tremblements. Oui, c’est le dernier moment pour la vivre.»
Président de l’Association Défi Parkinson 2020, Michel Zryd dit: «La volonté d’Yves est extraordinaire. Il fait avancer des choses, c’est remarquable.» Mentalement, le Nyonnais est prêt à affronter ce défi. «J’ai été 15 ans pro au golf, ça aide.» Il boit une gorgée de son jus d’orange, avale des pastilles et ajoute: «Quand je fais du sport, on ne voit plus que je suis malade. Je suis plus léger, plus fluide. Ce sont des moments de liberté où je ne me sens pas malade.» Avant d’ajouter: «En faisant du sport, je souffre moins, mais la maladie ne guérit pas. Ma doctoresse m’a encouragé à faire de la marche.» A son retour, il ira la trouver, car il a une opération à planifier, une stimulation cérébrale à améliorer par l’implantation d’électrodes dans le cerveau.
Un parcours initiatique
Le parcours initiatique d’Yves Auberson commencera le samedi 4 juillet et se terminera le 26 ou le 27 septembre. Ici ou là, des personnes feront un bout de chemin avec lui. «Ça ne sera pas donné à tout le monde», prévient Michel Zryd. «Yves a un rythme, il ne ralentira pas, il n’est pas facile de le suivre. J’aurai des contacts ponctuels avec lui, son frère Alain, également.»
Le parcours aller empruntera la Via Alpina (Nord des Alpes) qui va de Montreux à Coire. Le retour se fera sur le chemin des Cols alpins (Sud des Alpes) de Coire à Montreux où est prévue l’arrivée officielle. «Mon cadeau, que j’ai à cœur de m’offrir, avoue-t-il, c’est le tour du Mont-Blanc, à la fin de mon aventure.» Première étape? Montreux-Mont- bovon en passant par le Col de Jaman. Son frère sera à ses côtés, durant une partie en tout cas. Le départ, comme l’arrivée, aura lieu au pied de la statue de Freddie Mercury. Tout un symbole.