Pour rependre un mot à la mode dans la capitale du Canton de Vaud, moi le Genevois, je suis enfin apaisé. Apaisé, après tant d’années de souffrances, par ce verdict qui me lave enfin de tout soupçon. Habités par le doute, les juges ont en effet décidé de m’acquitter. Et moi qui depuis des décennies ne doute pas de mon bite, je ne peux qu’approuver cette décision très sage, sans doute inspirée par le Tout Puissant et le non moins puissant Dieudonné, lui aussi grand repenti devant l’Eternel, qui est venu depuis Paris pour me soutenir.
Car qu’y avait-il contre moi? Les affabulations d’une foldingue qui se fait appeler Brigitte et qui, je suis bien placé pour le savoir, n’avait rien d’une Bardot, ni la bouche, ni les formes et encore moins le reste. Une amoureuse énamourée incapable de faire l’amour selon les règles et qui, reprise en chœur par d’autres folles de metoo, a foutu, passez-moi le blasphème, un vrai bordel dans ma vie? Je sais, je sais: alors que tout me réussissait, les plateaux TV, Edgar Morin et sa clique d’intellos de gauchos en mal de Bon sauvage, les gonzesses et les Qataris, tout ce monde à mes pieds – et même ailleurs - à boire mes paroles et ma rhétorique de prédicateur altermondialiste en djellaba, il est paradoxal qu’un homme comme moi qui a passé sa vie à pourfendre les infidèles, soit pris en flagrant délit d’infidélité. Mais tout de même, cela ne fait pas de moi un violeur. Tout juste un Tartuffe. Et encore! Je suis si beau, si éloquent, si charismatique, si unique en fait, qu’il fallait bien qu’en bon missionnaire dévoué, je veille à ne jamais décevoir les attentes aussi théologiques que charnelles de ces frustrées. En un mot comme en cent: je suis sûr que ça leur a fait autant de bien qu’à moi. Et puis vous savez quoi? Je vais revenir. Maudet a réussi son pari. Pourquoi pas moi?