Ah ben en voilà une idée qu’elle était bonne! Invitée officiellement, une délégation très œcuménique de quatre parlementaires suisses représentant quatre partis, et avec à sa tête la très photogénique présidente du Conseil national Irène Kälin, s’est offert une petite escapade en Ukraine, une sorte de petit week-end easyjet à l’ombre bucolique des décombres ukrainiens. Parmi eux, notre Roger Nordmann national, reconverti en BHL de haut vol et jamais avare d’un joli coup médiatique. Evidemment, la présence de parlementaires suisses ne peut être soupçonnée d’instrumentalisation de la part des Ukrainiens, dont beaucoup, faut-il le rappeler, ont aussi été à l’école du KGB. Non, qu’on se le dise, nos quatre Guillaume Tell du 21ème siècle sont allés là-bas pour «ressentir le courage des Ukrainiens» (Sont-ils les seuls à ne pas l’avoir perçu d’ici?), constater que ce pays a été détruit (Ont-ils la télévision?), marquer la solidarité des Suisses (Se sont-ils annoncés pour accueillir des réfugiés chez eux?) et rappeler la vocation de neutralité de notre pays (Auraient-ils soutenu les sanctions décidées par le Conseil fédéral?).
Le tout, bien sûr, à grand renfort d’une couverture médiatique hors norme qui leur a valu les feux des projecteurs, à défaut de ceux de l’artillerie russe. On ne peut malheureusement pas tout avoir, mais au moins, la séquence médiatique était là, avant le voyage, à cause des méchants services de sécurité qui ont osé refuser une escorte, pendant, à grands renforts de photos bien léchées y compris des trains-couchettes qui ont accueilli nos héros en grande vadrouille, et après, avec un débriefing comme il se doit devant la presse.
Rien à dire, une petite escapade en Ukraine, ça change du train-train quotidien et c’est bon pour le moral des parlementaires.