Il y a les activistes bêtes et méchants, et il y a les activistes intelligents. Ceux qui bloquent les rues et les ponts juste pour faire du bruit et in fine braquer la population contre eux, et ceux qui ont une stratégie réfléchie et pensée. Ceux du collectif vaudois «43m2», qui agit pour dénoncer l’inertie des autorités face au besoin criant en hébergements d’urgence, font partie de la deuxième catégorie. Ils emmerdent, mais comme il faut, avec intelligence et brio. Un mois après avoir été virés manu militari par la Municipalité du site de Beaulieu où ils avaient installé un campement sauvage pour accueillir des SDF, les voilà qui reviennent à la charge avec un vrai coup de maître. Cette fois, c’est dans le jardin de la Haute École de travail social et de la santé de Lausanne qu’ils ont choisi de planter leurs tentes. Un choix très symbolique, car l’École incarne de fortes valeurs de soutien et de solidarité, au point même qu’elle assure un enseignement sur la question… des sans abri. Sur le plan juridique aussi, la démarche est habile, puisque la Municipalité n’a cette fois aucune compétence pour ordonner l’évacuation des lieux, celle-ci relevant du seul directeur de l’école. De surcroît ancien syndicaliste, celui-ci se voit de son côté embourbé dans un dilemme cornélien, véritable piège à la «Métraux», la conseillère d’Etat verte s’étant à l’époque largement discréditée auprès de ses troupes en ordonnant l’évacuation des zadistes du Mormont… A moins que le collectif ne décide de lui-même de lever le campement, marquant ainsi sa parfaite maîtrise des lieux et du tempo.
Il y a les activistes bêtes et méchants, et il y a les autres…