Quand Macron a parlé pour rendre le certificat Covid obligatoire, ils se sont rués dès le soir même sur internet pour s’inscrire à la vaccination. Ben oui, à défaut d’être des veaux comme l’aurait dit le général de Gaulle, les Français sont, tout le monde le sait, des moutons qui marchent à la carotte et au bâton. Et bien évidemment nous sommes mieux qu’eux, Helvètes pétris d’un tel esprit de responsabilité individuelle que l’on pense forcément au bien-être de la collectivité avant notre quant à soi personnel. Sauf que dès l’annonce de l’extension du pass sanitaire, les Vaudois se sont, sur un étrange coup de tête, pris pour des Français, se précipitant à Beaulieu pour se faire vacciner au plus vite. Un petit serrage de vis, et voilà comme par magie, toutes les craintes complotistes envolées, les fadaises pseudo-scientifiques de café du commerce oubliées et les convictions de grands érudits qui n’ont jamais ouvert un livre de biologie de leur vie, allègrement surmontées.
Et cela nous apprend deux choses: d’abord que finalement entre le veau français et le mouton suisse, il n’y a pas plus de différence qu’entre Pfizer et Moderna - AstraZeneca étant désormais généreusement refilé aux va-nu-pieds de la planète -, et ensuite qu’une bonne part des réfractaires à la vaccination ne l’étaient que pour de bien piètres raisons.
Alors où avons-nous failli? A l’école sans aucun doute, ce lieu sacré qui jadis fondé sur les sciences humaines apprenait à penser par soi-même et dont l’unique et triste ambition aujourd’hui est de produire à coups de mathématiques sans âme, «le capital humain» dont l’économie a besoin. De là à conclure qu’entre le veau et le mouton, l’âne a de beaux jours devant lui…