Corbeau, je ne t’aime pas. Autant que tu n’aimes pas les femmes de gauche, autant que tu aimes Orban, le prince saoudien MBS et autres fachos. Je n’aime pas ce que tu fais, je n’aime pas la concurrence que tu me fais et j’aime les femmes que tu n’aimes pas. Elles ont des c… elles au moins et ne se cachent pas derrière une feuille de papier.
Depuis des années, tu sévis dans nos contrées, réservant ton fiel courageusement anonyme aux personnalités de gauche ou supposées telles et qui n’ont pas l’air de te plaire. Alors tu écris, mal, et tu es vulgaire. A Jessica Jaccoud, tu déclares ta flamme priapesque «tu n’es bonne qu’à suc... ou te faire enc...». A Rebecca Ruiz, tu lâches «On a envie de te pin... et t’enc...».
Eh bien moi, je n’ai pas envie d’insulter. Je ne suis qu’une mouette qui crie son indignation, sa colère chaque semaine dans Lausanne Cités, chaque fois que je vois quelque chose de ridicule, triste, hypocrite, injuste ou absurde. De droite, de gauche, d’en haut ou d’en bas, hommes, femmes, trans, cis, tout le monde en prend pour son grade, tant je déteste la bêtise. Cela s’appelle de la satire et c’est à mille lieues de ton goût pour l’insulte.
Finalement corbeau, la seule chose qui pourrait te rendre sympathique, c’est que tu travailles à l’ancienne, avec un stylo et du bon vieux papier, au risque d’ailleurs de laisser ton ADN te trahir. Ça change des centaines de milliers d’autres corbeaux numériques qui déversent leur venin sur les réseaux sociaux. Sauf qu’en rendant publique ta démarche épistolaire sur ces mêmes réseaux, tes victimes n’ont fait que de te caresser dans le sens de la plume. Elles ne savent pas, corbeau, comme nous le savons toi et moi, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.