C'est historique. Le Humain Brain Project, piloté par l'EPFL et dirigé par le professeur Henry Markram a décroché l'un des deux bourses de 1 milliard d'euros décerné par la Commission européenne de la Science au terme d'une compétition longue de 4 ans. Le Human Brain Project, qui va attirer 800 chercheurs à Lausanne et 200 à Genève, a pour ambition de modéliser virtuellement le cerveau humain pour mieux comprendre les maladies qui l'affectent.
Une simulation gigantesque
Pour réaliser cette simulation gigantesque, qui va mobiliser aussi le CHUV, les HUG et les Universités de Lausanne et de Genève, l'EPFL utilisera des supercalculateurs puissants. Mais ce n'est pas tout. Henry Markram s'attend à ce que ces recherches révolutionnent aussi l'informatique. Il s'apprête à recruter deux cents chercheurs pour créer un ordinateur neuromorphique doté de facultés comparables à celle des neurones.La miniaturisation dans l'informatique traditionnelle se heurtera bientôt à un mur de la matière. Pour calculer toujours plus vite, les puces doivent supportent des températures cinq fois plus élevées que le niveau de fusion de l'acier. Ce qui consomme beaucoup d'énergie. A une température plus faible, les erreurs augmentent. L'ordinateur quantique permettrait de surmonter cet obstacle… dans 30 ans.
Un circuit suisse
D'autres possibilités, comme l'ordinateur photonique (avec la lumière), atomique, moléculaire ou à base d'ADN font l'objet d'une concurrence effrénée. Toutes sauf une, l'ordinateur neuromorphique.«La première nation qui déposera des brevets sur ce terrain vierge dominera les fondements de l'informatique du futur», estime le professeur Markram, directeur du laboratoire de microcircuitsneuronaux à L'EPFL. Selon lui, ce pourrait être la Suisse. Le Human Brain Project projette de répliquer sur une puce 1 à 10 milliards de neurones, presque tout le cerveau humain, mais de manière simplifiée. Ce ne sera pas une copie exacte et détaillée. Mais elle possédera de nombreuses capacités similaires à celles du cerveau. «Les brevets seront européens, mais le circuit sera suisse, confie Henry Markram. Si nous atteignons notre but, la prochaine génération d'ordinateur neuronal naîtra à l'EPFL qui a déjà déposé trois patentes dans ce domaine»L'ordinateur neuromorphique comprendra ce que vous cherchez sur Internet. Il pourra vous donner des conseils financiers. En plus, il se passera de logiciel, car il apprendra de lui-même. «Au cours des vingt prochaines années, ces technologies vont acquérir de l'intelligence par l'apprentissage, ajoute Henry Markram. L'informatique neuromorphique peut aussi engendrer de nouvelles start-up, de nouvelles recherches, attirer des investissements et aider à comprendre le cerveau et ses maladies.»