J'ai toujours admiré la politique vaudoise, équilibrée, profondément républicaine. Valaisan de Genève, donc à cheval entre deux folies, deux ferments d'excès carnavalesques, je ne suis pas insensible à la démesure en politique. Ici un Freysinger, là un Stauffer, admirables figures, outrancières mais attachantes, comme jaillies de contes et légendes, récits de Chappaz, match Valais-Judée, ombre de Supersaxo, bagarres sur le Trient en 1843. Et moi, qui aime cela, catholique fou d'image, je n'en suis pas moins fasciné, paradoxalement, par le sens de la mesure des Vaudois. Avec, au fond de l'âme, le souvenir d'un Delamuraz. Il était excessif dans la vie, le dernier conseiller fédéral vaudois, mais mesuré et respectueux en politique. Il savait se comporter. Pourtant il était fou, travaillait trop, buvait trop, grillait la vie par tous les bouts. Mais dans l'action politique, il était droit comme une borne. Un repère. Pierre-Yves Maillard lui ressemble, volcanique à l'intérieur, ayant appris à se dompter dans la fonction. Mais une chose est sûre: la grande leçon du triomphe de Freysinger, au-delà du Valais, c'est que l'électeur romand ne veut plus de souris grises. La puissance d'une personnalité. Festive ou épurée, c'est selon. Mais courageuse et conséquente. Un humain qui existe fort. Pas juste un figurant.