Des criminels. C'est par ce mot que la socialiste Ada Marra, conseillère nationale, qualifie, à Infrarouge, les gens qui ne paient pas leurs impôts. Cet excès de langage, en toute impunité, nul ne la reprenant, ni ses adversaires ni l'arbitre, pour lui suggérer que sa terminologie est tout de même un peu forte de café.
Car enfin, s'il faut traiter de criminel celui qui cherche à se soustraire, quel mot utilisera-t-on pour le tueur d'enfants? Le génocidaire? Ou même le baron de la drogue? Si une élue du peuple, l'une des 246 siégeant à Berne, maîtrise aussi mal l'échelle de nuances des mots, quel exemple donne-t-elle, en dérapant ainsi dans une émission de grande écoute, au public?
La vérité, c'est que l'affaire Cahuzac est le prétexte au déferlement de toutes les hystéries. On veut bouffer du riche, comme sous la Terreur, en 1793, on voulait bouffer du noble ou du curé. On banalise la notion de «crime» à des actes qui, certes répréhensibles, n'en sont manifestement pas.
Ada Marra me semble faire partie de ces socialistes qui n'ont plus de discours que celui de la morale. Plus d'horizon que celui du châtiment. Las! Plût au ciel qu'elle devînt nonne. Ou Mère supérieure, en quelque noir couvent, à l'abri du péché. En la seule compagnie du vent, celui qui fouette les âmes.