Les machines à opérer la cataracte au laser sont très rares. Dans toute la France, il n'y en a qu'une, à Nice, à peine une dizaine en Europe et une trentaine aux Etats-Unis. Or, depuis le mois de janvier, la ville de Lausanne compte deux femtolaser (à impulsions extrêmement rapides) sur son territoire. Le premier dans une clinique privée et le second à l'Hôpital ophtalmique Jules Gonin, qui a réalisé une cinquantaine d'opérations de ce type depuis janvier et un troisième dans une clinique à Clarens.Comment expliquer une si forte concentration de machines sur la Riviera vaudoise? «La Suisse est plus riche et les choses vont plus vite ici quand il s'agit d'acquérir des machines qui coûtent cher, autour de 500 000 francs l'unité», explique Hana Abou Zeid, responsable de la policlinique et de l'unité cataracte à l'Hôpital Jules-Gonin. Les assurances ne remboursant pas l'intervention au femtolaser qui coûte de 1000 à 2000 francs par œil, le patient paie de sa poche le surcoût par rapport à une opération manuelle. Ce qui correspond à quelques centaines de francs pour chaque œil.Selon l'ophtalmologue lausannoise, le laser gagnera progressivement la majorité des chirurgies de la cataracte suivant une évolution semblable à celle de la chirurgie de la myopie, le LASIK, qui traite aujourd'hui environ 70% des patients au femtolaser. Car il améliore la fiabilité du traitement.D'après une étude sur 1300 patients, le femtolaser fait chuter à 0,3% le taux de complication des opérations de la cataracte, telle que la rupture de la capsule du cristallin. Ce qui peut-être jusqu'à 10 fois moins qu'en chirurgie manuelle où les moins bons chirurgiens affichent un taux de 3,5 à 4%, et les meilleurs 0,5%. «Sur une cinquantaine d'interventions réalisées, je n'ai constaté aucune complication», confie la doctoresse Abou Zeid.
Trois étapes
Il y a trois étapes clés de la chirurgie de la cataracte effectuée par femtolaser: l'incision cornéenne, passée de 1 cm à 2 mm en 20 ans, l'ouverture de la capsule du cristallin et la fragmentation du noyau opaque de la lentille naturelle remplacée ensuite par un implant. Le laser permet de pratiquer ces trois actes de manière plus précise et fiable que la main de l'homme. Ce qui augmente la sécurité du patient. Dans la fragmentation du cristallin, le laser réduit jusqu'à deux tiers le taux d'utilisation d'ultrasons. Or, ceux-ci abîment la cornée et créent une certaine inflammation de l'œil.
Référence en Europe
«Le laser ne parvient pas encore à briser un noyau trop opaque, mais on peut imaginer qu'à l'avenir le développement technologique le permettra», explique la doctoresse Hana Abou Zeid, qui va lancer durant deux ans la première étude comparative entre les opérations manuelles et le laser en Europe qui pourrait servir de base aux assurances et aux Etats pour décider d'un remboursement de cette prestation. «Nous voulons devenir un centre de formation des chirurgiens suisses et européens, confie la responsable de la policlinique lausannoise. Notre ambition est de devenir un centre de référence en Europe.»