Bon, assumons la position du vieux réac, je m'y sens bien puisqu'elle m'est familière. A Lausanne, à Genève, on ne parle plus que des heures d'ouverture des bars la nuit. Du côté de Grégoire Junod à Lausanne, ou d'un improbable Service du Commerce dans la Cité de Calvin, on ambitionne de restreindre les heures d'ouverture, lutter contre les abus d'alcool, protéger la jeunesse.
Outre que les horaires lausannois font baver d'envie les noceurs genevois, une question – celle du vieux con, on ne se refait pas – s'impose à moi avec la lumineuse clarté d'une enseigne nocturne: et les habitants, on en fait quoi? Au nom de quoi le droit du fêtard serait-il plus inaliénable que celui du dormeur?Propos de quinquagénaire, me direz-vous. Vous, acariâtre, atrabilaire? Oui, j'assume!
Car enfin, à la nuit finit toujours par succéder le jour. Nous voulons des villes plaisantes la nuit, je veux bien. Mais, si on veut éviter qu'on les vide définitivement, encore faudrait-il songer à ne pas en déloger tous ceux qui, une fois épuisé leur stock de tampons auriculaires, nourriraient encore quelque velléité de s'accrocher à l'habitat urbain. Noceurs ou dormeurs, il faut choisir. Pour ma part, c'est chose faite.