L'extase des chiffres rougesPrivatiser les prisons. C'est le dernier délire ultra-libéral d'economiesuisse, une organisation qui, à la faveur de son engagement à coups de millions contre l'initiative Minder, est en phase de radicalisation de ses positions. Elle a bien sûr le droit de lancer des idées; aux républicains, simplement, de lui répondre ce que doit être le noyau dur de l'Etat, dans sa fonction régalienne d'exercice de la force publique.
Cette juste réponse, le conseiller national Jean-Christophe Schwaab l'a eue, à la RTS. Mais hélas, étendant son discours au principe même du partenariat public privé (PPP), en effet difficilement défendable pour les prisons, mais totalement souhaitable dans les domaines de la science ou de la culture, le socialiste nous sort un bien étrange argument. Les taux d'emprunt seraient plus chers pour les privés que pour l'Etat.Autrement dit, notre aimable conseiller national part de l'idée que, dans tous les cas, une structure d'intérêt public devrait être – comme par essence – en déficit. Alors, en effet, puisqu'on patauge dans les chiffres rouges, autant emprunter aux taux préférentiels. Ne pourrait-on pas, une seconde, Monsieur Schwab, imaginer qu'une gestion rigoureuse, autre que jetant l'argent par les fenêtres, soit de mise ? Et en l'espèce, Monsieur le socialiste, l'Etat a, bel et bien, beaucoup à attendre du privé.